1 On lira dans ce livre xxxx sonnets composés ou publiés en français entre 1801 et 1998 (comme la rédaction de l’ouvrage a pris un certain retard sur son plan initial, une ‘coda’ ajoute des textes apparus depuis la publication des ‘sonnets’ d’Emmanuel Hocquard) (jusqu’en 2001 environ).
2 La disposition est chronologique. Bien entendu, à un sonnet quelconque peuvent être associées plusieurs dates: date de composition attestée par un manuscrit conservé; publication en revue; insertion dans un livre, etc… Je n’ai tenté de placer un sonnet donné à la date la plus ancienne qu’en ce qui concerne les textes qui présentent une particularité formelle (disposition de rimes, par exemple). Dans plusieurs cas, j’ai eu recours à des éditions relativement tardives quand l’édition originale était inaccessible ou accessible seulement avec des efforts que j’ai estimés excessifs (bulletins de demande de consultation d’ouvrage à la BNF renvoyés avec la mention ‘hors d’usage’, par exemple).
3 J’ai consulté d’assez nombreux livres, périodiques et anthologies, anciennes et récentes. Je suis loin d’avoir tout lu (en particulier dans les innombrables revues d’avant 1914). Malgré tout, le choix offert au lecteur est assez vaste.
4 L’ensemble du choix est divisé en quatorze chapitres, d’importance inégale. Une telle division est assez arbitraire et je ne chercherai pas à la justifier. La date de 1844, terminus du chapitre 3 est celle de la publication des cinq sonnets de Gérard de Nerval (1844) qui sont, à mon jugement, les premières véritables réussites poétiques de cette longue période. 1857 est l’année de la première édition des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire; 1899 celle de l’édition (posthume) des Poésies de Stéphane Mallarmé. 1914, 1939, 1968 sont des moments historiques; etc.
5 A l’intérieur de chaque chapitre, les sonnets choisis sont répartis par années. Chaque sonnet est le plus souvent suivi d’un descriptif formel sommaire, parfois accompagné de commentaires .
6 Chaque sonnet présenté de chaque année a un numéro d’ordre.
7 La troisième partie, DESCRIPTION est une discussions de la forme, limitée à quelques aspects principaux. Elle suit une seconde partie qui fournit quelques éléments d’une histoire du sonnet. Elle renvoie à l’ensemble des poèmes de la première partie, CHOIX. Ceux que les détails formels ennuient pourront ainsi aisément s’en passer, et ne lire que les textes. Mais ils voudront bien tenir compte du fait que nombre des sonnets présentés dans la première partie ne sont pas mis là pour leur qualité poétique, souvent médiocre, et même pas faible au point d’en être intéressante, mais parce qu’ils sont utiles à la discussion de la forme-sonnet qui est tentée dans la troisième partie.
8 Chaque sonnet est identifié à la fois par son année, son numéro d’ordre parmi les sonnets de la même année, un nom d’auteur (si possible) et une indication sommaire de la provenance du texte. Une notation formelle (sibylline si on n’a pas recours à la troisième partie, DESCRIPTION) est ajoutée à la suite, avec un commentaire, si nécessaire. Les lecteurs intéressés par les caractéristiques que recense la notation seront forcés de se déplacer dans le livre; mais je n’ai pas trouvé de moyen vraiment commode pour tenir compte des deux visées, difficiles à concilier, de mon anthologie:
– i – donner à lire des sonnets
– ii – décrire la forme et son évolution.
9 Attention : Pour des raisons de copyright, je ne fournis, de nombreux textes, que le premier vers, la liste des mots rimes, et le ‘résumé formel’. Le lecteur désireux de lire le sonnet entier devra se reporter à l’ouvrage original.
10 du titre – Une des images les plus employées pour décrire le sonnet est celle du cristal. Ainsi, Sainte-Beuve: » Tel filet d’idée poétique qui, chez André Chenier, découlerait en élégie, ou chez Lamartine s’épandrait en méditation et finirait par devenir fleuve ou lac, se congèle aussitôt chez moi et se cristallise en sonnet » C’est cette comparaison encore qu’en 1912, dans ses Regards en arrière, Léopold Dauphin prête à Mallarmé: « …. tout sonnet, …. tout quatrain devrait constituer un bloc, de façon que le tout, du premier au dernier mot, ne fît qu’un; il le souhaitait tel un cube de cristal « . Comme cristal, le sonnet manque singulièrement des symétries indispensables; sans parler de l’instabilité manifeste de la plupart de ses caractéristiques formelles. On ne pourrait le qualifier, cependant, de cristal liquide. Pour conserver malgrè tout quelque chose du sentiment de la forme qu’exprime le mot cristal, j’ai choisi de le préfixer d’un ‘quasi’.
11 du sous-titre– Le projet de ce choix est né de la lecture, à l’automne de 1998, du livre d’Emmanuel Hocquard, Un test de solitude, sous-titré, ‘sonnets’. A ce moment, j’ai pensé à un choix de sonnets de langue française qui irait de Sainte-Beuve à Hocquard; tout simplement parce que c’est à Sainte-Beuve que l’histoire littéraire attribue le mérite (ou la responsabilité) de la renaissance, vers 1830, de la forme-sonnet en France, après une éclipse de presque deux siècles. Or j’ai peu d’estime pour Sainte-Beuve, que je trouve fort mauvais poète (et un exécrable individu, par dessus le marché). J’ai gardé un triste souvenir d’une rédaction lycéenne où il était demandé de commenter cette forte parole, à lui attribuée (je ne sais si c’est avec raison): « vivre et mourir dans la même maison’. L’ennui du sujet proposé fut à peine atténuée par la tentation d’introduire dans la copie la légendaire exclamation du folklore écolier: « La sainte avait raison! ». J’ai lu depuis avec plaisir ce jugement de Léon Gozlan: « Sainte-Beuve me fait l’effet d’un abbé qui a vendu son âme au diable et n’en a pas été payé ». Alphonse Karr le compara un jour à une limace bavant sur les roses, ce qui n’est pas mal non plus. J’ai au contraire une très grande estime pour Emmanuel Hocquard, et j’étais gêné à l’idée d’associer ces deux noms dans mon sous-titre. Heureusement, j’ai découvert les Opuscules poétiques du général Carnot, qui sont de 1820, et contiennent des sonnets estimables. J’en ai été soulagé. D’autant plus qu’une brève enquête dans la poésie des trente premières années du siècle indique que l’originalité reconnue à Sainte-Beuve par l’histoire littéraire doit être fortement relativisée, comme le montrent, je pense, les deux premiers chapitres du présent ouvrage.
Remarque finale : Mais qu’est-ce donc qu’un sonnet ? je présente un ‘choix de sonnets’ mais je ne dis pas ce qu’est un sonnet. Pourquoi ? tout simplement parce qu’il n’est pas possible de donner une définition qui soit valable pour tous les poèmes qui ont été composés sous ce nom depuis les commencements de l’histoire de cette forme et permette de dire : « ceci est un sonnet ; cela n’en pas un ». Le sonnet est une ‘forme fixe’ extrêmement variable. Elle varie de langue à langue, de siècle en siècle. Dans la troisième partie de ce livre, j’explique (d’une manière plus ou moins convaincante) selon quels principes j’ai choisi les poèmes retenus.