0 1 Rappel (deuxième partie, chapitre 7) : Sur la forme-sonnet en langue française
0 2 Le sonnet est introduit en France au seizième siècle, vraisemblablement par Marot (6 exemples en 1536). Les 187 sonnets des Amours de Ronsard, en 1552, fournissent le premier modèle dominant de la forme-sonnet en langue française jusqu’à Malherbe, et au-delà. Une dizaine d’année après Marot Peletier du Mans invente un second modèle qui fait concurrence au premier sans la supplanter.
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Caractéristiques principales
0 3 1 Attention : il ne s’agit aucunement de règles, mais de choix dominants, certains quasi absolus, mais jamais sans exceptions. Il n’y a aucune norme explicite reconnue.
(i) Le nom de la forme est sonnet.
(ii) Marot emprunte à Pétrarque une construction en deux parties :
Un ‘octave’ en deux quatrains ‘embrassés’, rimés abba abba. C’est la disposition principale du sonnet italien du 16ème siècle. C’est la PREMIÈRE FORME-BASE DES QUATRAINS ; première forme-pétrarque
Un ‘sizain’ en deux ‘tercets’, rimés ccd eed.
C’est la PREMIÈRE FORME-BASE DES TERCETS, ; forme-marot.
Il s’agit là d’une innovation majeure par rapport à la tradition italienne. Les vers 9 et 10 du sonnet ‘marotique’ riment entre eux. Ce distique ‘plat’ est pratiquement absent du sonnet italien.
De plus la première des deux dispositions italiennes majeures pour les tercets cde cde est interdite dans la poésie de langue française par la règle d’alternance. La seconde, cdc dcd est peu employée : les vers 9 et 10 n’y riment pas. Le sonnet français du 16ème préfère les formules à 5 rimes.
(iii) Un deuxième type de quatrains, ‘alternés’, de plus en plus fréquent au cours du 16ème siècle, mais ‘dominé’ par le premier, provient également du sonnet italien : abab abab
C’est la SECONDE FORME-BASE DES QUATRAINS ; seconde forme-pétrarque
(iv) Un deuxième type de tercets, qu’on trouve en 1547 chez Jacques Peletier du Mans est rimé ccd ede. Du Bellay, en 1549, dans L’Olive l’emploie et il est de plus en plus fréquent par la suite. Un distique plat final (vers 13 et 14) (quasiment inconnu du sonnet italien) est présent, mais très minoritaire (il est, au contraire, omniprésent dans le sonnet anglais, ‘shakespearien’ ou non)
C’est la SECONDE FORME-BASE DES TERCETS ; forme-peletier
(v) Les strophes du sonnet, au seizième siècle, ne sont pas séparées. Elles sont distinguées par un décrochement dans la ligne de leur premier vers (soit à gauche, soi à droite).
(vi) Tout sonnet est un poème autonome, terminé par un point.
(vii) Les rimes des quatrains ne sont pas reprises dans les tercets
(viii) Un sonnet est généralement monométrique. Le mètre dominant est d’abord le décasyllabe ; ensuite (Baïf et Ronsard : 1555-1556) l’alexandrin. L’octosyllabe progresse lentement, mais reste très minoritaire. Les autres mètres sont rarement employés
(ix) Un sonnet a 14 vers. Il y a quelques exemples de sonnets plus longs ; d’autres, encore plus rares, de sonnets plus courts.
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Tendances majeures de l’évolution
(i) Les mètres dominants sont – a) l’alexandrin b) (très loin) l’octotyllabe. Le décasyllabe devient rare
(ii) La disposition suivante sur la page s’impose : – strophes séparées par une ligne de blanc – vers alignés
(iii) La tentation d’imposer une norme apparaît, vers 1650.
0 5 Etat de la forme au commencement du dix-neuvième siècle
Quand commence la siècle, la forme-sonnet est pratiquement tombée en désuétude
0 5 1 cf première partie, chapitre zéro
o 6 Il faut attendre 1830 et l’intervention de Sainte-Beuve, pour qu’elle prenne un nouveau départ.
0 7 Dans les années où les poètes commencent à revenir au sonnet, de quels moyens disposent-ils pour choisir la version de la forme qu’ils adopteront ?
0 8 Trois stratégies sont possibles : imiter les nouveaux sonnetistes qui les précèdent, Sainte-Beuve, Musset ou Gautier, par exemple
0 9 S’inspirer des prédécesseurs des 16ème et dix-septième siècle, Ronsard,du Bellay ou Malherbe, dont on peut trouver les œuvres dans les bibliothèques, chez des libraires, ou en réédition
0 9 1 D’abord lentement, on réédite les auteurs anciens
0 10 Enfin, avoir recours à un traité de versification.
0 11 On rencontre là le problème des ‘règles’ : La forme-sonnet est-elle soumise à des règles ? si oui, quelles sont-elles ?