Je compte maintenant mes jours, heure par heure, — 1833 (7)

Charles Brugnot Poésies

Sonnet

Je compte maintenant mes jours, heure par heure,
Comme un pâle blessé, sur la terre étendu,
Qui, parmi les flots noirs du sang qu’il a perdu,
Sent sa vie échapper, goutte à goutte, et la pleure ;

Ma jeunesse sans joie, avide du passé
Ne rêvant qu’avenir, que fruits d’or au rivage,
Et, le soir, abordant une grève sauvage,
Ainsi qu’un nageur nu dont le bras s’est lassé.

Rien hier, rien demain ! – Rien dans toute ma vie
Qu’un flot après un flot ; – Frêle barque suivie
D’un sillage léger, qu’une brise aplanit ;

Au moins si j’emportais aux rives éternelles,
Pauvre oiseau, regrettant mes forêts maternelles,
Une herbe, un brin de jonc pour me faire mon nid !

Q63  T15

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