Hier, la rue aux Ours me vit, après neuf heures, — 1836 (10)

Adolphe Rolland Feuilles mortes

XLV

Hier, la rue aux Ours me vit, après neuf heures,
Gravir avec lenteur son paisible sentier,
Et sur le seuil ami des antiques demeures,
Un ange souriant semblait me convier.

Et j’entendais sa voix me dire : « Ingrat, tu pleures,
Et caches ta paupière à qui veut l’essuyer.
Des lointaines clartés dédaigne les vains leurres,
Assois ta vie errante à son premier foyer »

Et cheminant toujours je vis la porte ouverte
De mon ancien logis, et sa pelouse verte,
Le peuplier, la vigne et les pots de jasmin.

Le passé me reprit à son charme ineffable,
Et mon regard rêveur rencontra sur le sable
Un rameau de vanille échappé de vos mains.

Q8  T15

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