Chaque fleur dit un mot du livre de nature: — 1843 (7)

(Balzac)

Quand il eut fini, le poème regarda son aristarque, Etienne Loustau contemplait les arbres de la pépinière.
– Eh! bien? lui dit Lucien.
– Eh! bien? mon cher, allez! Ne vous écouté-je pas? A Paris, écouter sans mot dire est un éloge.
– En avez-vous assez? dit Lucien?
– Continuez, répondit assez brusquement le journaliste.
Lucien lut le sonnet suivant …

TRENTIEME SONNET
Le camélia

Chaque fleur dit un mot du livre de nature:
La rose est à l’amour et fête la beauté,
La violette exhale une âme aimante et pure,
Et le lis resplendit de sa simplicité.

Mais le camélia, monstre de la culture,
Rose sans ambroisie et lis sans majesté,
Semble s’épanouir, aux saisons de froidure,
Pour les ennuis coquets de la virginité.

Cependant, au rebord des loges de théâtre,
J’aime à voir, évasant leurs pétales d’albâtre,
Couronne de pudeur, de blancs camélias

Parmi les cheveux noirs des belles jeunes femmes
Qui savent inspirer un amour pur aux âmes,
Comme les marbres grecs du sculpteur Phidias.

Q8 – T15

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