Pour chanter sous le ciel ce que j’ai dans le coeur, — 1845 (2)

Arsène Houssaye La poésie dans les bois

La Muse

Pour chanter sous le ciel ce que j’ai dans le coeur,
Je demandais un luth à la muse amoureuse,
Quand ma jeune beauté vint, fraîche et savoureuse,
S’asseoir sur mes genoux avec un air moqueur.

– Pour accorder ainsi la raison et la rime,
Ah que de temps perdu dans les jours précieux,
C’est chercher le soleil quans la nuit est aux cieux:
Crois-moi, ne lasse pas ton coeur à cette escrime.

Enfant, où t’en vas-tu prendre la poésie!
Ma bouche n’est donc pas la coupe d’ambroisie?
Va, surprends-en ma lèvre, enivre, enivre-toi!

La plus belle chanson ne vaut pas, mon poëte,
Un baiser éloquent sur la lèvre muette:

La lyre, c’est l’Amour, et la Muse, c’est moi.

Q63 – T15

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