Aux murs où Jean Calvin brûla Michel Servet, — 1848 (4)

Charles Didier La porte d’ivoire


A Jacques-Imbert Gallois

Le poète :  Mais, monseigneur, il faut bien que je vive
Le Cardinal de Richelieu : je n’en vois pas la nécessité.

Aux murs où Jean Calvin brûla Michel Servet,
D’agio vit et vit bien le banquier magnifique ;
Bien vermeil et bien gras, le bourgeois prolifique
Se fait du doux rien-faire un commode chevet.

Au nom du plébéien qui souffrait, qui sauvait,
Le prédicant bavard du Dieu vivant trafique,
Et, damnant son prochain d’une voix séraphique,
Il mange bien, boit mieux et dort sur un duvet.

Le danseur vit du bal, le docteur de la goutte,
Sur le char du budget le pédant fait la route,
Comme un singe autrefois le fit sur un dauphin.

La courtisane vit de ses banales veilles,
L’espion est payé pour avoir des oreilles,
Le parasite dîne …. et le poëte a faim.

Genève, 1827

Q15  T15

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.