Un dimanche d’avril, dans les grands bois de Sèvres, — 1866 (12)

Henri Renard Péchés de jeunesse

Sonnet

Un dimanche d’avril, dans les grands bois de Sèvres,
Il la mena, joyeux, au devant du printemps;
Les feuilles bruissaient, dans les airs éclatants
Flottaient l’âcre parfum du thym, aimé des lièvres;

L’arbre était plein de sève et leurs coeurs pleins de fièvres.
Ils allaient côte à côte, émus et palpitants;
Parfois ils s’arrêtaient, tout pensifs, et leurs lèvres
Pour murmurer: amour! s’ouvraient en même temps.

Traître avril! que de coeurs sont pris à son amorce!
– Le couple s’enfonça dans l’ombre et, sur l’écorce
D’un platane, grava ses chiffres enlacés! …

Six mois après, l’amant revint seul, âme veuve!
Mais rien ne parlait plus de ses bonheurs passés:
Comme le coeur d’Anna, l’arbre avait fait peau neuve!

Q14 – T14

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