C’est une chambre où tout languit et s’effémine; — 1866 (24)

Le Parnasse contemporain

L’absente

C’est une chambre où tout languit et s’effémine;
L’or blême et chaud du soir, qu’émousse la persienne,
D’un ton de vieil ivoire ou de guimpe ancienne
Apaise l’éclat dur d’un blanc tapis d’hermine.

Plein de la voix mêlée autrefois à la sienne,
Et triste, un clavecin d’ébène que domine
Une coupe où se meurt, tendre, une balsamine,
Pleure les doigts défunts de la musicienne.

Sous des rideaux imbus d’odeurs fades et moites,
De pesants bracelets hors du satin des boîtes
Se répandent le long d’un chevet sans haleine.

Devant la glace, auprès d’une veilleuse éteinte,
Bat le pouls d’une blanche horloge en porcelaine,
Et le clavecin noir gémit quand l’heure tinte.
Catulle Mendès

Q16 – T14 Rimes toutes féminines

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