– Léon Charly in La Jeunesse du 7 février 1869
Dernier sonnet
Je pars content Seigneur. Est-ce amusant de vivre,
De traîner quelques jours, forçat, un lourd boulet ?
Pour moi tout réveil fut un visiteur fort laid,
Et cette vie, en somme, un détestable livre.
De mes vers dédaignés que ta main me délivre,
O mort ! Laisse ta faulx, il suffit d’un balai.
Arrête, omnibus noir ! ne me dis pas : ‘complet ! »
Mes parents – si j’en ai – n’oseront pas te suivre.
Tristes … comme des gens n’allant pas hériter,
– Ah ! je ne valais rien, laissant si peu de chose :
Mon linceul est trop court, et ma bière est mal close.
Sois doux, sombre valet qui viendra m’emporter :
Un poète est léger : mon âme en haut repose ;
Mon corps ne pèse pas un volume de prose.
Q15 T29 ‘balai’ rime mal