Homme de constitution ordinaire, la chair — 1872 (12)

Rimbaud

Les Illuminations

Jeunesse, II
Sonnet

Homme de constitution ordinaire, la chair
n’était-elle pas un fruit pendu dans le verger, ô
journées enfantes! le corps un trésor à prodiguer; ô
aimer, le péril ou la force de Psyché? La terre
avait des versants fertiles en princes et en artistes,
et la descendance et la race nous poussaient aux
crimes et aux deuils; le monde, votre fortune et votre
péril. Mais à présent, ce labeur comblé, toi, tes calculs,
toi, tes impatiences ne sont plus que votre danse et
votre voix, non fixées et point forcées, quoique d’un double
événement d’invention et de succès une raison,
en l’humanité fraternelle et discrète par l’univers
sans images; – la force et le droit réfléchissent la
danse et la voix à présent seulement appréciées ….

14 lignes. – On peut considérer ce texte, dans cette présentation conforme à celle du manuscrit, comme le premier sonnet en vers libres, c’est à dire composé de vers ni comptés, ni rimés. Jusqu’à récemment ce sonnet était imprimé comme de la prose. Sonnet en prose il n’est pas mais sonnet à quatorze lignes, plagiaire par anticipation d’Emmanuel Hocquard (on distingue malgré tout un premier ‘quatrain’ semi-rimé)

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