Cabaner
A la Dame des lys
Dans la fraîche vapeur qui bleuit la ramure
Des saules éloignés, quand se lève le jour,
Viens assainir ton corps chaud d’une nuit d’amour,
Et le purifier des feux de ma luxure.
Et pardonne, être pur, dont la fierté n’endure
Qu’à peine, par bonté, l’inévitable cour
De mille adorateurs, si sur le pur contour
De tes seins froids, ma lèvre a laissé sa souillure.
Ange que ma caresse aurait dû courroucer,
Je jure, en mon remords, de ne plus offenser
La neige de tes chairs que jalousent les cygnes.
Désormais, sans désirs, mes regards sauront voir
Leurs tons, éclatants comme un beau matin, leurs lignes,
Mélancoliquement calmes comme un beau soir.
Q15 – T23 – dédié à Théodore de Banville