L’air tiède de la chambre, où la nuit règne encore, — 1874 (12)

Cabaner Etrennes du Parnasse pour l’année 1874

Lever de soleil dans une chambre

L’air tiède de la chambre, où la nuit règne encore,
Fraîchit par degrés, puis, vaguement, les contours
Grossissants des objets paraissent noirs et lourds,
Masses d’ombre, qu’aucun incident ne décore.

Meubles, tentures, tout cependant se colore
Dans ce réduit resté tel pendant bien des jours.
Du lit à baldaquins le fond de vieux velours
Orangé, s’éclairant, cherche à singer l’aurore…

Il jette ses reflets au satin bleu d’azur
Du couvre-pieds qui, comme une mer calme, ondule.
Le jour éclate; le velours d’un carmin pur

S’ensanglante, jouant son rôle, – et, ridicule,
Boursouflée, empourprée encor par le sommeil,
Une tête des draps sort, pareille au soleil.

Q15 – T23

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