Toi qui vis au dedans d’une chair vulnérable, — 1876 (11)

coll. Le Parnasse Contemporain, III

Alfred des Essarts

D’après Shakespeare

Toi qui vis au dedans d’une chair vulnérable,
En butte à l’ennemi que tu veux protéger,
O pauvre âme, pourquoi rechercher le danger
Et te rendre toi-même abjecte & misérable?

Ayant avec la vie un bail si peu durable,
Pourquoi parer un corps qui n’est qu’un étranger?
De riches ornements à quoi bon surcharger
Ta fragile demeure assise sur le sable?

Crois-tu qu’avec le corps il te faille finir?
Sa ruine est ta vie & sa douleur ta gloire;
Au prix d’un temps impur gagne un saint avenir.

Fais-toi de vrais trésors: le reste est illusoire.
Nourris-toi de la mort; que ce soit ta victoire:
Car, la mort étant morte, on ne doit plus mourir.

Q15 – T21  tr – s.146 « Poor soul, the center of my sinful earth … »

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