A vingt ans, quand on a devant soi l’avenir, — 1876 (13)

coll. Le Parnasse Contemporain, III

Louisa Siefert
Tout corps traîne son ombre & tout esprit son doute
Victor Hugo

A vingt ans, quand on a devant soi l’avenir,
Parfois le front pâlit, on va, mais on est triste;
Un sourd pressentiment qu’on ne peut définir
Accable, un trouble vague à tout effort résiste.

Les yeux, brillants hier, demain vont se ternir;
Les sourires perdront leur clartés. On existe
Encor, mais on languit; on dit qu’il faut bénir,
On le veut, mais le doute au fond du coeur subsiste.

On se plaint, & partout on se heurte. Navré,
On a la lèvre en feu, le regard enfiévré.
Tout blesse, & pour souffrir, on se fait plus sensible.

Chimère ou souvenir, temps futur, temps passé,
C’est comme un idéal qu’on n’a pas embrassé,
Et c’est la grande soif: celle de l’Impossible!

Q8 – T15

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