Enfant, il se plaisait à torturer les chats — 1879 (11)

L’union littéraire et le Sonnetiste réunis

Maurice Rollinat

Le mouchard

Enfant, il se plaisait à torturer les chats
Et leur tirait les yeux avec ses ongles sales;
Il bafouait son père et couvrait de crachats
Sa mère ayant pour lui des bontés colossales.

Jeune homme, au lupanar, artiste en entrechats,
Il faisait le pantin dans les ignobles salles;
La débauche et le vin formaient tous ses achats;
Son oeil avait déjà des lueurs transversales.

Homme, il s’est marié pour exercer son poing,
Et tandis que sa femme, hélas!, ne mangeait point,
Lui, se gorgeait sans honte avec des catins saoûles.

On le voit aujourd’hui moins fréquemment pochard.
Il passe cauteleux dans l’ombre et dans les foules:
C’est que l’affreux ivrogne est devenu mouchard.

Q8 – T14

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