Némésis secoua le peintre frémissant, — 1880 (22)

Eugène Pottier in Oeuvres complètes (ed.1966)

Le triomphe de l’ordre
Tableau d’Ernest Picchio sur le Mur des Fédérés

Némésis secoua le peintre frémissant,
Il eut de l’abattoir la vision complète,
Ramassa la cervelle et le caillot de sang,
Et des tons de massacre il chargea sa palette.

Sous sa brosse on revit les canons vomissant ;
La cigarette aux doigts, le meurtre en épaulette ;
Les croix, le mur sinistre et le talus glissant
Et les martyrs sur qui l’avenir se reflète.

Le Triomphe de l’Ordre ! o travailleurs, voyez!
Resterez-vous ainsi mutilés, foudroyés ;
Sentez-vous pas en vous courir Quatre-vingt-treize ?

Cadavres par les trous qu’ont fait les biscaïens
Dans vos chairs, vous criez : Aux armes, citoyens !
La mort à pleins fossés chante la Marseillaise !

Q8  T15

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