Autrefois elle était fière, la belle Ida, — 1882 (11)

Jean Richepin Les caresses

Sonnet romantique

Autrefois elle était fière, la belle Ida,
De sa gorge de lune et de son teint de rose,
Ce gongoriste fou, le marquis de Monrose,
Surnommait ses cheveux les jardins d’Armida.

Mais le corbeau du temps de son bec la rida.
N’importe ! Elle sourit à son miroir morose,
Appelant sa pâleur de morte une chlorose,
Et son cœur est plus chaud qu’une olla-podrida.

O folle, c’est en vain que tu comptes tes piastres,
Tes yeux sont des lampions et ne sont plus des astres.
Tu n’achèteras pas même un baiser de gueux.

Pourtant si ton désir frénétique se cabre,
S’il te faut à tout prix un cavalier fougueux,
Tu pourras le trouver à la danse macabre.

Q15  T14 – banv

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