En face d’un miroir est une femme étrange — 1883 (4)

Maurice RollinatLes Névroses

Le monstre

En face d’un miroir est une femme étrange
Qui tire une perruque où l’or brille à foison,
Et son crâne apparaît jaune comme une orange,
Et tout gras des parfums de sa fausse toison.

Sous des lampes jetant une clarté sévère
Elle sort de sa bouche un ratelier ducal,
Et de l’orbite gauche arrache un oeil de verre
Qu’elle met avec soin dans un petit bocal.

Elle ôte un nez de cire et deux gros seins d’ouate
Qu’elle jette en grinçant dans une rèche boîte,
Et murmure: « Ce soir, je l’appellais mon chou ;

Il me trouvait charmante à travers ma voilette »
Et maintenant cette Eve, âpre et vivant squelette,
Va démantibuler sa jambe en caoutchouc!

Q59 – T15

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