Comme un amant penché sur la vierge qui dort, — 1886 (16)

Ephraïm Mikhaël – in Oeuvres complètes I

Fatalisme

Comme un amant penché sur la vierge qui dort,
Dieu regarde au lointain rouler le monde immense.
Et sous ses pieds, il a la mer qui se balance,
Et sur son front, le ciel comme un dais brodé d’or!

Incliné vers la Terre en son morne silence,
Il lit, grave et serein, le vieux livre du sort,
Et, parfois, se dressant, il appelle la Mort
Qui danse dans la nuit sa fantastique danse.

Il lit au livre obscur le nom des condamnés,
Et la pâle faucheuse avec son rouge glaive,
Pousse aux limbes grondants sa moisson de damnés!

Il lit! Mais c’est un vent dont le ciel se soulève,
Qui tourne les feuillets du grand livre qu’il tient;
Et Dieu n’a jamais su d’où cette brise vient!

Q16 – T23

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