– Louis Marsolleau – Les baisers perdus –
Le sonnet des corbillards
à Aristide Bruant
Au matin gris, – suivis de leurs noires voitures, –
Les corbillards, qui sont férocement à jeun,
Sortent de leurs abris nocturnes, un à un,
Et s’en vont à travers Paris, cherchant pâtures.
Devant les tristes seuils où pleurent des tentures,
Ils absorbent les morts savoureux, puis, très lents,
Ils montent, escortés des parents ruisselants,
La côte qui conduit aux creuses sépultures.
Ils digèrent, pendant le trajet, lentement;
Leurs panaches ont comme un hoquet, par moment;
Puis leur déchargement s’écroule dans les tombes.
Alors, légers, au grand galop claquant leurs fouets,
Ils rentrent au logis, repus et satisfaits,
Filant sur les pavés comme un vol de colombes.
Q45 – T15 quatrains à rois rimes, mais ‘un’ et ‘ants’ sont à l’oreille, proches.