L’insénescence de l’humide argent, accule — 1888 (23)

Le Décadent

Le limaçon

L’insénescence de l’humide argent, accule
La Glauque vision des possibilités
Où s’insurgent par telles prases abrités
Les frissons verts de la benoîte Renoncule.

Morsure extasiant l’injurieux calcul,
Voici l’or impollu des corolles athées
Choir sans trève! Néant de sphynges Galathées
Et vers les Nirvanas, ô Lyre, ton recul!

La mort …  vainqueur … et redoutable:
Aux toxiques banquets où Claudius s’attable
Un bolet nage en la Saumure des bassins.

Mais, tandis que l’abject amphyction expire,
Eclôt, nouvel orgueil de votre pourpre, ô Saints!
Le Lys ophélial orchestré pour Shakespeare.

Arthur Rimbaud

« Note – Ce sonnet si exactement conforme à la doctrine de Saint Augustin touchant les erreurs manichéennes nous semble intéressant oh! combien parmi tous! Dans l’oeuvre du Jeune Maître disparu. Promesse ou Remembrance, le lecteur acute, sans doute, placera dernier entre les vaticinations dernières de Rimbaud, le chant d’un cygne perspicace affamé de Non-Etre et qui, sur l’étang des luxures, lamente le lotus aboli.

Cette note et ce sonnet nous été adressés par un lecteur du Décadent.  »

Q15 – T14 – banv – insénescence (H.N.) : qualité de ce qui ne vieillit pas. – Formule ‘banvilienne’, si on admet la rime du masculin ‘possibilités’ avec le féminin ‘athées’

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