– Louis-Pilate de Brinn’Gaubast Sonnets insolents
XXI
Devant la Mort
A madame Ackermann
Quand on est un vieillard usé par tous les bouts,
Et qu’on arrive, ô Mort! Près de ton précipice ,
Sous des courtines d’or, ou dans son lit d’hospice,
On passe de longs jours à se tâter le pouls!
Comme un lion gisant dévoré par les poux,
L’âme se sent mordue, en ce moment propice,
Par des doutes affreux devant ce frontispice
Du sépulcre où le ver deviendra son époux.
Ne laisserons-nous donc jamais, fous incurables,
Devant l’inanité de nos pleurs misérables,
Le pourpre de la honte ensanglanter nos fronts?
Et n’aurons-nous jamais la pudeur de nous taire,
Et le faible courage, à l’heure où nous souffrons
De priver de nos pleurs Dieu qui s’en désaltère?
Q15 – T14 – banv