Naïve, j’ai gardé l’impression première — 1890 (11)

Léon Valade Poèmes posthumes

Dessous de bois

Naïve, j’ai gardé l’impression première
De la forêt nocturne où soudain je pus voir
Sous l’entrelacement du lourd branchage noir,
Rougeoyer, tout au loin, le feu d’une chaumière.

Plus d’une allée au bois, battue et coutumière,
Pour moi prend un aspect étrange à concevoir,
Quand, au pied des grands troncs reculés par le soir,
La ligne d’horizon met de vive lumière.

Mystérieuse, ainsi qu’un rayon projeté
Sur une porte close, éclate la clarté
Au bas des arbres drus, d’où l’ombre épaisse tombe.

J’y retrouve toujours l’ancien tressaillement;
Et, je ne sais pourquoi, je rêve l’outre-tombe
Comme un dessous de bois éclairé vivement.

Q15 – T14- banv

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