– Raoul Lafagette Les cent sonnets
Vaches et bœufs
Quand on ne vous prend pas encor tout jeunes veaux
Sur l’affreux charreton qui mène aux boucheries,
Le paysan vous soigne au fond des métairies,
Et bientôt vous l’aidez dans ses graves travaux.
Ô Vache nourricière ! il sait ce que tu vaux
Pour changer en bon lait les luzernes fleuries,
Et toi, Bœuf, sous l’azur et les intempéries,
Pour les profonds labeurs par les monts et les vaux !
Courbés dans la lenteur pensive de vos marches,
Vous avez l’air de doux et puissants patriarches,
Dociles compagnons sous le joug accouplés ;
Mais hélas ! dès que vient votre vieillesse forte,
Vous voyez, loin des champs où prospèrent les blés
Des rouges abattoirs s’ouvrir l’horrible porte !
Q15 – T14 – banv