Le givre: vivre libre en l’ire de l’hiver — 1892 (4)

André FontainasLes vergers illusoires

Le givre: vivre libre en l’ire de l’hiver
Rumeur qui se retrait au regard d’une vitre
Où, peut-être, frémit éphémère l’élytre
De tel vol ou d’un souffle épais de menu-vair.

Le ciel gris s’est, fanfare!, à soi-même entr’ouvert:
N’est-ce pas qu’y ruisselle au front morne une mitre?
Non! sénile noblesse où nul n’élude un titre
A se mentir moins vil que ne rampe le ver.

L’heure suit l’heure encor, aucune n’est la seule:
Pareille à soi, voici venir qui l’enlinceule
Pour brusque naître d’elle et pour mourir soudain.

Un chardon bleu, pas même, au suaire, ni lisse
Offrant, rêve chétif et dédain du jardin,
Ne fût-ce qu’une épine à s’en former un thyrse.

Q15 – T14 – banv

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