L’Etna mûrit toujours la pourpre et l’or du vin — 1893 (14)

José Maria de HerediaLes Trophées

Médaille antique

L’Etna mûrit toujours la pourpre et l’or du vin
Dont l’Erigone antique enivra Théocrite;
Mais celles dont la grâce en ses vers fut écrite,
Le poète aujourd’hui les chercherait en vain.

Perdant la pureté de son profil divin,
Tour à tour Aréthuse esclave et favorite
A mêlé dans sa veine où le sang grec s’irrite
La fureur sarrazine à l’orgueil angevin.

Le temps passe. Tout meurt. Le marbre même s’use.
Agrigente n’est plus qu’une ombre, et Syracuse
Dort sous le bleu linceul de son ciel indulgent;

Et seul le dur métal que l’amour fit docile
Garde encore en sa fleur, aux médailles d’argent,
L’immortelle beauté des vierges de Sicile.

Q15 – T14 – banv

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