– Léonce de Joncières L’âme du sphinx
La fille à la girafe
Midi! des cieux brûlants, plombés de pâleur mate.
Midi! l’écorce d’or des fruits trop mûrs éclate.
Près du lac, les ibis dorment sur une patte,
Leur souple col plié sous leur aile d’ouate.
Par la fenêtre Ouarda, la fille du grammate,
Laisse pendre, le long de la muraille plate,
Son bras de la couleur rosée et délicate
Du verre de Chaldée. Or, sous l’ombreuse natte,
La girafe, qui tend son licol écarlate,
Vient lécher le bras frêle et le plaisir dilate
Ses naseaux noirs. Ouarda la caresse et la flatte,
Lui parle, en minaudant comme une jeune chatte,
Et rit, en lui tendant sur un plateau d’agate
Un petit tas de riz surmonté d’une datte.
monorime