Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes — 1909 (1)

Georges Fourest La négresse blonde

Pseudo-sonnet africain et gastronomique ou (plus simplement) repas de famille
Prenez et mangez: ceci est mon corps

Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes
des toumbos, le bon roi Makoko* s’est assis.
Un m’gannga tatoua de zigzags polychromes
sa peau d’un noir vineux tirant sur le cassis.

Il fait nuit: les m’pafous ont des senteurs plus frêles;
sourd, un marimeba vibre en des temps égaux;
des alligators d’or grouillent parmi les prêles;
un vent léger courbe la tête des sorghos;

et le mont Koungoua rond comme une bedaine,
sous la Lune aux reflets pâles de molybdène,
se mire dans le fleuve aux bleuâtre circuit.

Makoko reste aveugle à tout ce qui l’entoure:
avec conviction ce potentat savoure
un bras de son grand-père et le trouve trop cuit.

* Makoko, souverain anthropophage (mais constitutionnel) de l’Afrique Centrale (Note de l’Auteur)

Q59 – T15

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