Grand œuvre d’idéal et cordial monument, — 1910 (5)

Paterne Berrichon Poèmes décadents 1883-1895

A Stéphane Mallarmé

Grand œuvre d’idéal et cordial monument,
Le POEME, au fini chanteur de son mystère,
Est un miracle où l’âme enfin se désaltère
De ses fluants reflets complus de diamant.

Sons et couleurs, parfums, formes, expressément
Confondus par un nombre envolé de chimère,
Sur le Verbe ainsi chair, du bas de l’heure amère
Projettent dans l’espace un reposoir clément.

Il conçut Dieu, qui créa l’homme; la nature
Toute fleurit l’essor de son architecture
Aux murs de strophe illuminés du mot-vitrail,

Et de son vers le bloc s’avivant de peintures,
Fut, d’un style, gravé par plus ardu travail
Que le carrare de triomphantes sculptures.

Q15 – T14 – banv

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