– Raymond Queneau – in Si tu t’imagines – les Ziaux IV – daté 1942
note manuscrite « Dans les deux poèmes qui suivent j’offre un modèle nouveau de versification. le nombre des syllabes n’importe plus mais celui des mots (huit par vers, ici). La rime est également éliminée au profit de l’allitération (le premier et le dernier mot de chaque vers allitérant, par exemple). D’autres règles sont également observées que les habiles découvriront sans peine. Tout ceci s’inspire de la technique anglo-saxonne, aussi ai-je dénommé ces vers beowulfins pour une raison analogue à celle qui fit baptiser l’alexandrin ».
Magie noire
Profitant de la nuit voici le sale prophète
Empruntant un noir chemin où seul se promène
Fleuve embourbant les bois où nulle nulle fleur
Flamine embarbouillé de foie avec nulle nulle flamme.
Prétexte que le soir lisant texte après texte
S’apprêtait à la solitude où lui inverse prêtre
Flânait terrifiant les démons et narguant les effluves
Flavescentes triviales en enfer ou dénigrantes et flambantes
Proue du destin mauvais malheur infect qui s’apprête
Prétendant dire les maux mais ignare du présent
Pourpre banalité vers les mots qu’il prononce
Fluide phonétique faux sons du guignon l’oriflamme
Flattant qui sourd néfaste orgueilleux de son flegme
Flétrisseur bonhomme il paraît à tout moment flébile
Le rôle de la rime est jouée par le groupe allitérant des débuts et fin de vers; ce qui donne: a-pr b-fl et la formule: aabb aabb ccc ddd avec c=a & d=b –