Jacques Réda La course
Le ciel
Ce qui surgit encore au détour d’une rue,
C’est le ciel comme – rien: le ciel. Pas simplement
Le ciel: un autre ciel, par le surgissement
Du même ciel debout dans la splendeur accrue.
Ou, peu à peu noyé sous une large crue
De nuages, lançant de moment en moment
Un rayon comme un doigt rapide et véhément
Qui fait rire l’espace et qui le désobstrue.
Des silences de feu s’ouvrent dans ce récit
Echevelé mais tous restent à la merci
De son flot dont la force emporte les façades,
Les toits, et pulvérise au milieu du pavé
Des flaques, où le bleu sous de sombres torsades
Se penchait sur lui-même afin de s’abreuver.