– Alfred Busquet – Le poème des heures –
(Septième heure)
Connais-tu le pays où fleurit l’oranger?
Où, parmi les fruits d’or, à l’abri de sa feuille,
Le bouton embaumé naît, grandit et s’effeuille,
Emplissant de parfums le retrait bocager.
Oh, c’est là qu’il est doux de vivre et de songer,
Que nos jours, comme un fruit ruminant que l’on cueille,
Comme un flôt murmurant que l’océan recueille,
Couleront vers la tombe avec un pied léger.
Cependant que la nuit blonde et tout éveillée
Luise: le rossignol chante dans la feuillée,
Le ver, dans le gazon, allume son fanal.
Soudain le ciel plissé, paupière qui frissonne
Au bord de l’horizon d’un éclat sidéral,
Rougit; il fait plus chaud – le vent se lève … il tonne.
Q15 – T14 banv