coll sonnets et eaux-fortes
– Léon Dierx
Révolte
Car les bois ont aussi leurs jours d’ennui hautain,
Et, las de tordre au vent leurs grands bras séculaires,
S’enveloppent alors d’immobiles colères;
Et leur mépris muet insulte le destin.
Ni chevreuils, ni ramiers chanteurs, ni sources claires;
La forêt ne veut plus sourire au vieux matin,
Et, refoulant la vie aux plaines du lointain,
Arborera l’orgueil des douleurs sans salaires.
O bois! premiers enfants de la terre! grands bois!
Moi, dont l’âme en votre âme habite, et vous contemple,
Je sens les piliers prêts à maudire le temple.
Un jour, demain peut-être, arbres aux longs abois,
Quand le banal printemps reverdira nos fêtes,
Tous, vous resterez noirs, des racines aux faîtes.
Q16 – T30