(Alfred Delvau) – Les Sonneurs de Sonnets
Sonnet du cochon
Car tout est bon en toi: chair, graisse, muscle, tripe!
On t’aime galantine, on t’adore boudin.
Ton pied, dont une sainte a consacré le type,
Empruntant son arome au sol périgourdin,
Aurait réconcilié Socrate avec Xantippe.
Son filet, qu’embellit le cornichon badin,
Fournit le déjeuner de l’humble citadin,
Et tu passes avant l’oie au frère Philippe.
Mérites précieux et de tous reconnus!
Morceaux marqués d’avance, innombrables, charnus!
Philosophe indolent, qui mange et que l’on mange!
Comme, dans notre orgueil, nous sommes bien venus
A vouloir, n’est-ce pas, te reprocher ta fange?
Adorable cochon! animal-roi! – cher ange!
Charles Monselet
Q9 – T8