Je ne suis pas de ceux que de vains mots on paie ; — 1895 (17)

Alexis Chavanne Murmures

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Sonnet de monosyllabes

Je ne suis pas de ceux que de vains mots on paie ;
Je me plais d’y voir clair en tout ; mais, bien que j’aie
L’œil sain, quand je le tends soit en haut soit en bas,
Le vrai sens de la vie en traits nets n’y luit pas.

Or, quel que soit le cours que mon bon sens me fraye,
S0us ce ciel gris que nul arc-en-ciel gai ne raie,
Pas plus que d’où je viens je ne sais où je vas.
Le faux jour que je suis me fait choir en faux pas

C’est en un cul-de-sac que je me meus ; la voie
Est sans huis : et de près, un sphinx sûr de sa proie
Me suit … Je sais mon sort, & j’y vais franc de peur.

Ô mort ! est-ce en ton sein que le sens de la vie
Se tient clos ? c’est à toi qu’à la fin je me fie.
O mort ! dis-moi le mot ? – Le mot est dans ton cœur.

Q1  T15

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