– Guillaume Apollinaire Les Onze mille verges
Pyrame et Thisbé
Madame
Thisbé
Se pâme:
« Bébé »
Pyrame
Courbé
L’entame:
« Hébé! »
La belle
Dit oui
Puis elle
Jouit
Tout comme
Son homme.
Q8 – T23 – 2s disp 4+4+4+2
– Guillaume Apollinaire Les Onze mille verges
Pyrame et Thisbé
Madame
Thisbé
Se pâme:
« Bébé »
Pyrame
Courbé
L’entame:
« Hébé! »
La belle
Dit oui
Puis elle
Jouit
Tout comme
Son homme.
Q8 – T23 – 2s disp 4+4+4+2
– Guillaume Apollinaire Les Onze mille verges
Hercule et Omphale
Le cul
D’Omphale
Vaincu
S’affale.
-« Sens tu
Mon phalle
Aigu?
– « Quel mâle!…
Le chien
Me crève!…
Quel rêve?…
– Tiens bien? »
Hercule
L’encule.
Q8 – T30 – 2s
– Joseph Corrard – Cent sonnets –
Au critique
« Ce n’est pas bien malin d’accoucher d’un sonnet »
Disait un freluquet; « quatorze lignes … qu’est-ce?
Tout poète en trouve un, le soir, sous son bonnet:
Pas besoin, pour ça, de battre la grosse caisse! »
– Ami, prends ton absinthe ou bien ton Dubonnet.
Lis les journaux du soir, les nouvelles, mais laisse,
Loin de ta tabagie, errer seul ce benêt,
Ce rimailleur, ce fou … qui tient la lune en laisse!
– C’est bien simple, disait un coq, de pondre un œuf;
J’en vois tous les jours pondre avec neuf poules …. neuf!
Au fond d’un poulailler, blottie et plume en boule,
On s’accoufle, on s’installe en le meilleur confort
Et l’on attend … Après un tout petit effort
L’œuf arrive – Oui, cria quelqu’un …., quand on est poule.
Q8 – T15 – s sur s
– Paul Claudel Vers d’exil
V
Bruit de l’homme, pas, cris, rires, appels, devant,
Derrière, chants, amours, rixes, marchés, paroles!
Je te veux étouffer, ô peuple en moi mouvant!
Tais-toi, sonore esprit! Eteignez-vous, voix folles!
Bruit de la mer! Bruit de la terre! bruit du vent!
Murmure au bois profond, l’oiseau chante. Frivoles
Jours! Dors, passé! Que me veux-tu encore, enfant?
Fleur de ce monde-ci, referme tes corolles?
Et toi aussi, tais-toi, cœur! Taisez-vous, soupir!
Le vieux murmure en moi dure et ne peut finir.
Tout s’est tu. Viens, ma nuit! Viens-t-en, ombre de l’ombre!
Viens, silence sacré et nuptial! Soleil
De mon âme, viens, paix! Viens amitié! Viens, nombre!
Viens avec moi, viens, mon Dieu, viens, ardent Sommeil!
Q8 – T14
– Léon Deubel La lumière natale –
La haine amoureuse
D’autres ont pour vous voir, vous aimer et sentir
Vos regards enchâsser en eux leurs diamants,
Puis, la fleur du blasphème à la lèvre, mourir
Loin de leur ciel et de leurs dieux, en vous nommant.
O source de blancheur que nul ne peut ternir,
D’autres ont habité leur rêve décevant
Et vous ont asservie à leur vaste désir
Comme un aigle asservit sa proie, en l’enlevant.
Moi, libre de vos liens déjà plus qu’à moitié,
Sans implorer de vous le pain de la pitié
Que l’on jette à celui dont l’âme vit sur terre,
Soucieux seulement de ne vous point chérir,
Je rentre dans ma haine ainsi qu’en un repaire
Pour y cuver le vin de votre souvenir.
Q8 – T14
– Alphonse Allais Mes insolations –
La carpe
Tel un abstrait poivrot monolodivaguant,
Mélancolique et lente emmi les froides ondes,
O carpe, tu t’en vas rêvant et zigzagant,
Insouciante en tes solitudes profondes.
Ta métallique peau, qui colle comme un gant,
Te donne l’air d’un chevalier des autres mondes.
Quels pensers sont cachés – jamais se divulguant –
Derrière les vitraux de tes prunelles rondes?
Le flot léger qui naît de ton mouvement doux
Dans les herbes du fond fait un léger remous;
Et, sans craindre l’anguille et le brochet vorace,
Tu traces des arabesques à l’infini,
S’entrelaçant comme un souple macaroni,
Et des zigzags tels que – seule – la carpe en trace.
Q8 – T15
– Alphonse Allais Mes insolations –
L’aquarelle
Dans le frais jardin contigu
A ma chétive maisonnette,
Peint – sous le soleil chaud, aigu –
L’enfant chétive mais honnête.
Dans un récipient exigu
Ses petits pinceaux font trempette:
Pinceaux poil de cheval bégu,
Poil de blaireau, poil de belette.
Elle aquarellise, vraiment,
Elle est bien dans son élément,
La vierge aux poses si gentilles.
Musset ne l’a-t-il pas chanté,
Avec sa grande autorité?
Aquarell’ veut les jeunes filles!
Q8 – T15 – octo (TLF) bégu ; [En parlant d’un cheval, d’une jument] Dont les incisives conservent la cavité externe au-delà de l’âge normal (10 ans en moyenne)
– Paul Bilhaut – Ça … et le reste –
Incitatus (sonnet obscur)
– A lire comme quelques autres – avec un Larousse à portée de la main
Incitatus est morne. Un mal, dont la naissance
Echappe aux plus savants, en stabulation
A figé les élans de son adolescence
Et sa spumeuse ardeur meurt en supputation.
Lui, si svelte jadis, n’est qu’une turgescence;
Rien ne peut ranimer l’éteinte coction,
Rien, ni squine, ni spic. Il gît sans connaissance.
L’Inmerator est dans la consternation.
Ils implorent les dieux qui veillent près de l’âtre;
Sans que des favoris s’allège le tourment.
Mais paraît un lapithe, un habile hippiâtre;
Son art, nouveau pour tous, tient de l’enchantement!
Si bien qu’Incitatus, les jambes sanguinées,
Renaît, sous le baiser ling des hirudinées.
Q8 – T23 – (H.N.) stabulation : séjour ou entretien continu des bestiaux à l’étable. squine : sorte de bois soporifique fourni par la racine ligneuse du ‘smilax china’ hirudinée : qui ressemble à une sangsue – quant au lapithe, il combat le Centaure – pour hippiâtre cf Notice sur les mots hippiâtre, vétérinaire et maréchal, par J.-B. Huzard. – Les hirudinés ou sangsues sont totalement dépourvus de parapodes et de soies. Ces vers ont un nombre de segments constant (33) auquel il faut ajouter le prostomium. L’extrémité antérieure est pourvue d’une ventouse buccale. L’extrémité postérieure est également pourvue d’une ventouse discoïdale.
– F.A Cazals – Le jardin des ronces
Sonnet à l’infirmière
Sous votre petit blanc bonnet,
Blanc bonnet, bonnet blanc qu’on jette
Par-dessus – sautez et tournez –
Tous les moulins de la Galette !
Vous trottez et vous trottinez,
Telle, en d’autres temps, Marinette,
Souriant à quel Gros-René
Sous votre bonnet de soubrette ?
Vous prenez un air virginal
Pour, avec un geste adorable,
Présenter, quoi donc ? l’urinal ! …
Cependant qu’un vieil incurable,
Mis en goût par son lavement,
Vous mange des yeux goulûment !
Q8 T14 octo
– Leconte de Lisle in Oeuvres diverses
Zanzibar
Dans un désert d’Afrique, au milieu d’une flaque,
Deux makis accouplés ayant fait leur sommier
Zanzibar en naquit, d’un noir teinté de laque,
Et, sitôt né, grimpa le long d’un grand palmier.
Plus tard, maigre, étriqué sous un habit qui plaque,
Il roucoula des vers, en singeant le ramier;
Mais il ne recueillit pour bravos qu’une claque,
Qui le fit remonter à l’arbre coutumier.
Quand donc le mettra-t-on dans la noire cellule,
Où le ver blanc, moins laid qu’un vers de lui, pullule,
Quand y sèchera-t-il ainsi qu’un vieux citron?
Qu’il ait pu voir le jour, c’est l’éternel reproche
Que l’on doit adresser au céleste mitron
Qui, sans rien mettre au four, a fait cette brioche.
Q8 – T14 – Sonnet sur bouts rimés fournis par Louis Ratisbonne (Nouvelle Revue); un Leconte de Lisle peu connu