Archives de catégorie : Q11 – abab baba

Les vers pour vous, Madame, à flots, viennent pleuvoir — 1841 (15)

Pierre Battle Poésies

Le miroir poétique
(écrit sur l’album de Madame G. de F.)

Les vers pour vous, Madame, à flots, viennent pleuvoir
Dans ce coquet album ; d’hommages on l’inonde.
Chaque urne poétique à ce pur réservoir
Est fière de porter un tribut de son onde.

Et vous, ange en exil au désert de ce monde,
Sur ce livre penchée, il vous est doux de voir
Votre image se peindre et flotter, rose et blonde,
Dans le cristal du vers, comme dans un miroir.

Oh ! je l’aurais aussi, moi, cette fantaisie
De faire, sous vos yeux, couler ma poésie ;
Mais c’est un flot amer ne roulant que des pleurs ;

A votre beauté pure il faut d’autres poètes ;
Ce n’est pas au ruisseau troublé par les tempêtes
A réfléchir le ciel, les astres et les fleurs.

Q11  T15

Chantre des saints amours, céleste Lamartine, — 1834 (6)

Charles Ducros Premières pensées

Sonnet à M. de Lamartine

Chantre des saints amours, céleste Lamartine,
Tes accens sont plus doux que l’encens vaporeux
Qui s’échappe en flocons de cette urne divine,
Qu’au temple un jeune enfant fait monter vers les cieux.

Oh ! que j’aime tes chants, tes chants harmonieux,
Qui laissent entrevoir ton âme qui te mine,
Ton cœur, volcan sublime, éparpillant ces feux
Qui bouillonnent en toi comme l’or de l’usine !

Et cependant ton front est pur et paternel,
Ah ! qui t’as donc donné ce calme solennel
Cette main qui pour tous est une main amie ?

C’est le doigt du Seigneur qui protège tes jours,
Pour te garder des cieux les éternels séjours,
Où doit se reposer ton immortel génie.

Q11  T15

Je vous ai vue, et votre douce image — 1819 (3)

François de La Pommeraye Recueil des poésies de Mr F.D.L.P

A Madame Adèle T.

Je vous ai vue, et votre douce image
S’est emparée aussitôt de mon coeur;
Je vous ai vue, et votre doux langage
M’a fait rêver aussitôt de bonheur!

Rêve charmant, ne sois pas une erreur!
Fils de Vénus, achève ton ouvrage!
Fais partager une si vive ardeur,
Et je te jure un éternel hommage!

Naguère ainsi je présentois mes voeux
Au jeune Dieu qu’on adore à Cythère;
L’enfant malin sourit de ma prière,

Et dit: veux-tu communiquer tes feux;
Sache qu’aimer n’est rien sans l’art de plaire.
Voilà, voilà le secret d’être heureux!

Q11 – T28 – déca

A l’immuable paix, il est deux grands obstacles; — 1818 (3)

A. Poujol Galerie de cent tableaux, …

Deux grands obstacles à la paix perpétuelle

A l’immuable paix, il est deux grands obstacles;
L’ambition cruelle et l’orgueil des humains:
Pour franchir ces écueils, il faudrait des miracles,
Tant ils ont ébloui les vaillans souverains.

Jadis on vit aux cieux, parmi les Chérubins,
La superbe monter aux suprêmes pinacles,
Et vouloir s’arroger les attributs divins,
Tant l’esprit de grandeur se complaît aux spectacles.

Pour le fort conquérant, tous objets sont petits,
Dieu ne remplit jamais ses vastes appétits,
Sa folle avidité se porte aux bouts du monde.

Tant la risible ardeur de dominer sur tout
De l’agrandissement inspire le haut goût;
Et là gît des combats une source féconde.

Q11 – T15