– Jean Le Louët Premiers sonnets
Licorne
Pour Anita
Visage pur, comme une treille au doux conseil,
Qui, l’iris dépouillé, cherche l’ombre du miel.
Visage pour moi seul, tel une eau qui s’épuise,
Nuançant sa pâleur d’autres ombres surprises.
A peine reconnu par une main vivante,
Les yeux plus délicats versent l’âme mouvante
A l’infini de l’être, à la mer qui s’éteint
Au beau lys étirant la gorge avec les seins ;
Car le cœur d’aussi blanche innocence s’exile
Au sommet d’une tour très soumise et fragile ;
Et l’on voit l’astre d’or de vos yeux sur son île
Traverser les rayons de pourpre de la bouche,
Et chercher dans le rêve un reflet de sa couche
Où vous dormez sans voix, puisque votre voix brille.
Q55 T4