Archives de catégorie : T05 – ccc ddd

Princesse sidérée à la source des sens — 1970 (7)

Jean Queval En somme

Sonnet en S

Princesse sidérée à la source des sens
Les serpents suppliciés au secret de tes songes
Ces lentes saturnies de saveur et d’absence
Les somnolences sont-ce des sondes des sondes

Ta scissure suscite une amorce de stance
Ta nasse de capture espère aux feux garçons
Ta soif et ton serment s’allient par descendance
Ta source prise s’orne et s’arme des saisons

La sphère comme amphore un astre de ton aire
La césure et la stase et la course corsaire
La serre enfin promise à la scène incendiaire

Tes seins pléniers sanglés au soufre des censures
Tes reins très assaillis par ces muscles augures
Tes liens tant saccagés au souffle des centaures

Q32  T5

Mon vieux coeur, tu n’es qu’un déplorable viscère. — 1893 (6)

Romain Coolus in Revue Blanche

En Amour, régime de sonnets

I
Le fol amant est en très mauvais termes avec son hélice de coeur

Mon vieux coeur, tu n’es qu’un déplorable  viscère.
Peut-être aurais-tu droit à ma reconnaissance
Si tu bornais à des sursauts de jouissance
Ton mécanique émoi de soufflet nécessaire!

Tu te devrais m’être un bureau de bienfaisance
Et conviendrais, si tu voulais être sincère,
Que dans la capacité stricte de ton aire,
Tu pourrais être une entreprise de plaisance.

Mais non; ton cartilage est plus ambitieux,
Prétend aimer, joue au monsieur séditieux
Me veut geignant, plaintif et superstitieux

Tord ses fibres, les noue en cordons de souffrance,
Sonne le deuil, sonne le spleen, sonne la transe
Et me ligote au sentimentalisme rance.

Q16 – T5

Je voudrais être un très vieux saule plein de mouches — 1891 (20)

La Revue Blanche

Romain Coolus

Vers le repos

Je voudrais être un très vieux saule plein de mouches
Près d’une eau morte que reflèterait ma nuit.
Nous amalgamerions, elle et moi, notre ennui
Et ne tenterions point de vaines escarmouches.

Avec la passivité pesante des souches,
Je subirais le vent qui caresse et bruit
Et le mauvais orage dont le feu détruit
Et le soleil versant ses corrosives touches.

Je serais très heureux ainsi, point ne bougeant,
Trempant mes feuilles dans le pacifique argent,
Dans l’eau défunte où nul poisson n’irait nageant,

Loin de tout mouvement ridicule et stérile,
Dispensé de la vanité si puérile
D’agir et de vouloir être une âme virile.

Q15 – T5