Archives de catégorie : T14 – ccd ede

La nuit l’eau calme des bassins — 1991 (27)

Léon Blum in La Conque

Sonnet

La nuit l’eau calme des bassins
Au reflet des lumières vagues
Forme d’imaginaires vagues
Et de fantastiques dessins.

Ce sont de bizarres coussins
Brodés de colliers et de bagues
Des chevaliers dressant leurs dagues
Des fleurs larges comme des seins …

… Des formes chétives et frêles
Des femmes et des sauterelles
D’oiseaux clairs et de papillons

Dansent aussi sur l’eau tranquille
Dont l’éclair fuyant des rayons
Respecte le rêve immobile.

Q15  T14 – banville –   octo Ce frêle sonnet octosyllabique n’annonce pas encore le Président du Conseil du Front Populaire, le lâche administrateur de la Non-Intervention, ni l’inventeur du ‘cycle infernal des salaires et des prix’

La brise pleine de chansons — 1891 (16)

Le concours de La Plume
(concours n° 96)

La brise pleine de chansons
Apporte des senteurs marines
Qui vont réjouir vos narines,
O calmes filles des boxons!

C’est l’heure tendre où les garçons
S’en vont vider dans les latrines
Les vases remplis des urines
Des marins danois ou saxons.

L’oeil pesant et suivant l’Idée,
Clarisse, à sa table accoudée,
Songe à des vers pour son amant.

De liliales tourterelles
Roucoulent extatiquement
Aux fenêtres des maquerelles.

Q15 – T14 – banv – octo

O créer, avec fièvre un rien: quatorze vers — 1891 (11)

Le concours de La Plume

Gaston Sénéchal

Le Dahlia bleu

O créer, avec fièvre un rien: quatorze vers
Délicats, spéciaux, rares, heureux d’éclore;
Un bouquet effaçant, par le choix de sa flore,
La vieille rhétorique et les jeunes prés verts!

Y mettre le secret de mon coeur, comme Arvers,
Et les vocables doux par lesquels on implore,
Et sous un nom vraiment rythmique, Hélène ou Laure,
Oser vous y parler d’amour, à mots couverts.

Vous les liriez, non pas comme ceux qu’on renomme,
Comme les dieux, avec sollicitude, et comme
Ce sonnet sans défaut vaudrait bien un baiser,

Après l’avoir touché presque du bout des lèvres,
Vous iriez doucement, doucement, le poser,
Sur l’étagère où sont les coupes de vieux Sèvres.

Q15 – T14 – banv – s sur s

Forte femme aux tétons lourds de lait — 1891 (7)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires

Fricka

Forte femme aux tétons lourds de lait
Que d’un sursaut de rut tu retrousses,
Germaine au con rouge aux tresses rousses,
Puissante à jouir dès qu’il te plaît.

Ventre épais que précède une touffe
Et si difformément labouré;
Bras charnus où foisonne un fourré,
Et dont l’étreinte effrayante étouffe.

Femme au con maternel, tu ne sais
Que baiser et tu dis ‘C’est assez!  »
Tu ne sais pas que l’amour s’attache

A toutes les lèvres, à tous les trous,
Tu veux rester l’Epouse, la Vache
Et n’ouvrir que ta vulve aux poils roux.

Q63 – T14 – 9s

Mais toi, fleur de luxure, O Freia! — 1891 (6)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires

Freia

Mais toi, fleur de luxure, O Freia!
Rose dont les poils sont les épines,
C’est ta bouche où vont les belles pines
Que ta langue en chaleur balaya.

Dans tes jambes où brûle la fièvre
Quand tes amants ont la tête en feu,
Pour accueillr leur geste et leur jeu
Ta vulve a des baisers sur les lèvres.

Elle palpite et s’ouvre à lécher,
Rose mousseuse et fleur de pêcher,
Elle s’écarte et jaillit à boire

Le nectar fou des frissons ardents,
Incitateur éjaculatoire
Des belles pines entre tes dents.

Q63 – T14 – 9s

Pour que Freia t’exauce, ô païenne! — 1891 (5)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires

Ortrude

Pour que Freia t’exauce, ô païenne!
Tu l’as vaincue en lubricité,
Suçeuse au gland d’un cheval mâté
Tribade avec la chair de ta chienne;

Ta soeur t’a léchée en vomissant,
Tes enfants au berceau t’ont connue,
Ta fille a livré sa fente nue
A ta langue, et tu l’as mise en sang:

Et tes doigts mis dans ta vulve interne,
De ton sexe ont fait une caverne
Enorme pour un rut d’étalon

Et cependant Elsa vit encore,
Et de son ongle écaille à l’aurore
Des croutes de sperme au ventre blond.

Q63 – T14 – 9s

Ils te croyaient pure, Elizabeth! — 1891 (4)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires – neuf sonnets sur les héroïnes de Wagner rêvés au pied du Vénusberg en août 1891.

Elizabeth

Ils te croyaient pure, Elizabeth!
Ils t’appellaient sainte, immaculée!
Mais tu riais d’eux, grande enculée,
Quand Tanhauser au lit t’enjambait;

Il n’hésitait, pour vivre sa vie,
Qu’entre le trou noir de ton anus
Et la vulve en chaleur de Vénus,
Mais tu l’étreignais, inassouvie.

Furieuse au hasard des coussins,
Refoulant son ventre avec tes seins
Tu fis pour lui ta bouche ordurière;

Et lui tendais l’horreur de ton cul
Tu le sentis foutre par derrière,
Et tu portais le corps du vaincu.

Q63 – T14 – 9s

Coco dit Tape-à-l’oeil, professeur de savate, — 1891 (3)

Laurent TaihadeAu pays du muffle – Ballades et quatorzains –

Rue de la Clef

Coco dit Tape-à-l’oeil, professeur de savate,
Camelot et dompteur de caniches, ayant
Sur quelque pantre aussi gourdé que flamboyant,
Prélevé le mouchoir, la bourse ou la cravate,

Est dans les fers. Le désespoir règne parmi
Tant d’épouses qu’il asservit à sa conquête
Et les dames du Chabanais font une quête
Pour que soit d’un peu d’or son courage affermi.

Mais, content des loisirs que lui fait Pélagie,
Le ‘petit homme’ aux reins vannés, se réfugie
Près des conspirateurs dont brille cet endroit.

Et fier de ressucer les mégots qu’il impêtre
Chez les poëtes et chez les docteurs en droit,
Il savoure l’orgueil de voir des gens de lettres.

Q63 – T14

L’homme, plus malheureux que le porc ou le veau, — 1890 (31)

Alfred Ruffin Poèmes variés et nouveaux chants

Philanthropophagie

L’homme, plus malheureux que le porc ou le veau,
Le poulet qu’on engraisse ou le lièvre qui broute,
Se voit, dès qu’il est mort, scellé sous une voûte
Où tout son corps pourrit jusqu’au dernier lambeau.

Combien j’aimerais mieux, dépouillé de ma peau,
Bien coupé, devenir un civet qui ragoûte,
Ou plutôt en pâté dormir dans une croûte,
Qui des cercueils serait, à mon gré, le plus beau !

Ainsi, du corbillard narguant les tristes planches,
Aux horreurs du tombeau j’échapperais par tranches,
Arrosé de bon vin et de fine liqueur,

Et, d’un repas joyeux appréciant l’aubaine,
Les amis qui, vivant, me portaient dans leur coeur,
S’en iraient me portant, charmés, dans leur bedaine.

Q15  T14

Minet te guette, cher petit, — 1890 (24)

– « Black » in L’Aurore

Anagramme-sonnet

Minet te guette, cher petit,
Gare-toi de son vol rapide ;
Crois-moi, ne fais pas l’intrépide
Pour contenter son appétit.

Sur toi son œil s’appesantit ;
Il trompe, son regard stupide …
Vois du gourmand la gueule avide
Qui t’enserre et qui t’engloutit ! –

Lentement je vais à la fosse,
Moi qu’on nommait un sacerdoce
Et qui ne suis qu’un vil métier !

Le peintre vend .. de la céruse ;
Et le poète vend … sa muse …
C’est à qui sera le moins fier !

Q15  T14  octo