Archives de catégorie : Formule entière

J. ma jacinthe mon jasmin — 1974 (1)

Yves GascL’instable, l’instant (?)

1
Sur la lettre J en l’honneur de son nom

J. ma jacinthe mon jasmin
ma jaspe du Japon ma jade
jonquille de janvier ma joie
joyau du jour en mon jardin.

J. jarre d’eau jatte de lait
à jeun jeudi de jouissance
jour de jais jambes jumelles
jalousie jaune de juin.

En juillet les javelles jointes
Javelines et joncs de la joute
Jeu de la jungle juvénile

Jadis justice de Jésus
jeune jamais je n’ai jugé
si joli joug de jubilé.

bl – octo – J’emprunte cet exemple à un essai inédit de Mr Tuillière

Vous vous vous, parce que mais nul dont ce aucune — 1973 (10)

OulipoLa Littérature potentielle

Francois le Lionnais

10
La rien que la toute la
à QUE

Vous vous vous, parce que mais nul dont ce aucune
Quand de ce (pour avec)  et ce pourquoi jamais;
Seulement le et les et déjà si quand nous
Au et contre ces qui d’où vous aussi vous des.

Quelque enfin, pas ne tant depuis tout après une
Car si du en auprès (comme un qui je pour vous),
Et même … il en leur la plus que ce je ne te
Maintenant et cela ou tel toujours sans très.

Là de les puisque vous, moins que pour dont, autour
Desquels celui ne parmi et jusqu’alors – non
Dans le de et par – la qu’il comme la et seuls

Désormais tu son donc! et tu bien les ici
Mais grâce à lorsque sur dont un les des en eux
Tu Tu Tu à travers les nul dont ce aucune.
LE

bl

Leur onyx? — 1973 (8)

OulipoLa Littérature potentielle

Raymond Queneau

8
La redondance chez Phane Armé

4
Leur onyx?
lampadophore!
Le Phénix?
amphore!

Nul ptyx
sonore
au Styx
s’honore.

Un or,
décor
contre une nixe,

Encor
se fixe:
septuor!

Q8 – T14 – m.irr – vers très courts – obtenu par ‘réduction aux sections rimantes’ à partir d’un sonnet de Mallarmé

Je suis le tensoriel, le vieux, l’inconsommé — 1973 (7)

Raymond Queneau

Deux transformations, à partir de Nerval, par la méthode oulipienne du ‘S+7’, à l’aide de deux dictionnaires différents.- II

El Desdonado
Je suis le tensoriel, le vieux, l’inconsommé
Le printemps d’Arabie à la tourbe abonnie
Ma simple étole est molle et mon lynx consterné
Pose le solen noué de la mélanémie.

Dans l’obi du tombeur toi qui m’as consommé
Romps-moi le Peïpous et la miss d’Olympie
La foi qui poignait tant à mon coin désossé
Et la trempe où la pente à la rosse s’appuie.

Suis-je Ampère ou Phédon? Luxembourg ou Biton?
Mon fruit est roux encor du balai de la peine,
J’ai riblé dans la grue où nappe la trentaine

Et j’ai trois fois vairé travesti l’Alagnon
Moissonnant tour à tour sur la mâche d’Ougrée
Les sourcils de la salle et les crics de la fouée.

Q8 – T30

La nuit était ancienne — 1971 (3)

René CharLe nu perdu

Déshérence

La nuit était ancienne
Quand le feu s’entrouvrit.
Ainsi de ma maison.

On ne tue point la rose
Dans les guerres du ciel.
On exile une lyre.

Mon chagrin persistant,
D’un nuage de neige
Obtient un lac de sang.
Cruauté aime vivre.

O source qui mentis
A nos destins jumeaux,
J’élèverai du loup
Ce seul portrait pensif!

s.rev – bl – 6s

Je félixarverise hélas! en vers risibles, — 1971 (1)

– Docteur René Chauvelot Les nouveaux sonnets du docteur


Les nouveaux sonnets

Je félixarverise hélas! en vers risibles,
Mais laisserai pourtant, quelques idées nouvelles:
Sonnet de type classique avec des extraits
De beaux vers méconnus, et du siècle dernier;

Quatorze vers dont chacun a son propre thème;
Reflet de notre époque, en vers blancs ou rimés;
Par réaction sonnet santé-moralité;
Une autre nouveauté le ‘sonnet d’Antigone’,

Avec mots retournés. Et puisque le sonnet
Est délaissé, je veux souvent sonnetiser
Et sur ce vieux surjeon créer quatorze formes.

bl  – 11v – s sur s

La volupté du soir, la nuit et son mystère — 1970 (10)

Antoine Pol Croquis : 17 variations sur le sonnet d’Arvers

Moïse

La volupté du soir, la nuit et son mystère
Descendaient sur ces monts où Japhet fut conçu ;
Et Moïse, accablé, enfin las de se taire,
Re-disait à IAVE ce discours par trop su :

«  O Seigneur, j’ai vêcu puissant et solitaire.
Souhaitant de passer de vous inaperçu
Laissez-moi m’endormir du sommeil de la terre,
Exaucez-moi, Seigneur, vous dont j’ai tant reçu.

De cette auguste main que vous daignez me tendre
Rayez-moi de ce monde où nul ne veut m’entendre.
Je reviens à ma terre, en glissant tous mes pas

Sous votre ombre, ô Seigneur, à qui je fus fidèle ».
Or, Sa Voix retentit, et que lui disait-elle ?
« Je suis celui qu’on aime, et qu’on ne connaît pas »

Q08  T15  arv  d’après Vigny.

La cigale, un beau jour, s’en vint en grand mystère, — 1970 (9)

Antoine Pol Croquis : 17 variations sur le sonnet d’Arvers

La cigale et la fourmi

La cigale, un beau jour, s’en vint en grand mystère,
Chez la fourmi, ayant conçu
De quémander, mieux eût valu se taire
Un grain de mil, tout un chacun l’a su.

« Mon dénuement d’insecte solitaire
N’a pu de vous passer inaperçu
Prêtez-moi ces trésors que vous cachez sous terre,
Et je vous signe un bon reçu »

La fourmi, pas toujours tendre
Lui laisse entendre
D’aller ailleurs porter ses pas

«  A mes moindres défauts je veux rester fidèle »,
Lui dit-elle
« J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas ».

Q08 – T15  arv – 2m :Texte polymétrique : alexandrins au vers 1 et 7 – décasyllabes : v 3 à6 – taratantara au vers 14 – octo : 2,8,11 – hepta :v 9 – tétrasyllabe : vers 10 – trisyllabe : vers 13.

Since I left you mes yeux sont de mémoire. — 1970 (2)

Marcel Thiry Attouchements des sonnets de Shakespeare


CXIII – ‘Since I left you mine eye is in my mind’

Since I left you mes yeux sont de mémoire.
Vous me voilez la montagne ou la mer.
Laissez mes yeux attoucher cette moire
De nos instant dont j’abolis la mort.

A vous les yeux de ma secrète vue
Qui semblent voir le monde et n’ont que vous
Pour ciel, montange, et la mer, et la vie,
Et n’ont plus vu que vous since I left you.

Laissez que ma mémoire vous compose
Comme au matin l’arbre sort de la nuit;
Pendant qu’avec des vers aux doigts de rose,

Frère des yeux pour défaire la nuit,
Un lent Sonnet que le Temps vous dévoue
Change l’absence en essence de vous.

abab cdcd efef gg=shmall – disposition de rimes des sonnets de Shakespeare   déca – tr