Archives de catégorie : Formule entière

Un mot, un seul (lequel ?) et nous trouverons — 1984 (3)

Yves di Manno Champs

Problème du roman

Un mot, un seul (lequel ?) et nous trouverons
Quel sentier obliquement y mène : la décou
Verte. Un mot n’aurions- nous cure et s’agis-

Ssant du sens, il sera dit que nous nous oc-
Cupons : à quelle fin la fin importe-t-elle ?
Si le modèle (pour ici le sonnet, copié à l’en-

Vers) à lui seul en décide – ne le savons :
Savons qu’un orme frêle se courbe sous le
Vent – que le son se suffit à lui-même et
Qu’étymologiquement mourir nous ennuie.

J’ai répit, j’ai repos, devant le bassin
Terne : enfant j’y lançais mon navire, sou-
Cieux de sa voile : enfant, j’étais perdu
Adulte le demeure sans changer ma demeure.

bl  – m.irr.- s. rev —

Un brave homme de bègue, assez cu-cultivé, — 1984 (2)

Boris Vian Cent sonnets


Simple histoire de bègue

Un brave homme de bègue, assez cu-cultivé,
Vivait de son ja-jardinet plein de fleurettes,
Plein de ca-calme et de repos, de violettes
Et de pi-pissenlits. Rien ne fut arrivé

S’il n’eût été go-goberger au pied levé
Sa cousine Julie, fille fort coqué-quette,
L’emmené-ner aux champs, pour faire la dînette,
Sur son baudet qui ruait sur les pa-pavés.

Mais dans les roseau-seaux, Pan vint se promener.
En le voyant-y-ant, l’âne brait. Etonné:
– Pan-Pan! fait notre bègue et le dieu tombe mort.

Le pauvre devint fou. Fou plus que lui n’y a.
Tous les matins dans sa cami-misole il sort,
Donner un biberon à ses bé-bégonias …

Q15 – T14 – Ces sonnets ont été composés vers 1944. On admirera la manière dont l’hendécasyllabe devint alexandrin

Voilà cent ans, cher Soulary, tu croyais juste — 1984 (1)

Boris Vian Cent sonnets

Ma Muse

Voilà cent ans, cher Soulary, tu croyais juste
De ceindre de maint busc le corps souple et charmant
De ta Muse, et contraire à l’ordinaire amant
Voulais pour ta maîtresse un appareil vétuste.

Si la femme féconde à la grâce robuste
Vit souvent de sa chair le mol affaissement
Si la distension de tous ses ligaments
Fit pendre son nombril et s’écrouler son buste,

Ce siècle est révolu. L’oisiveté cruelle
N’entraîne plus la mort de la beauté des belles
Nos jours ont retrouvé le secret du printemps.

Notre Egérie pratique aussi la gymnastique
Et le massage sait lui rendre en peu de temps
Son ventre plat, sa ligne et ses seins élastiques.

Q15 – T14 -banv

Paf ! d’un bond rivière ! — 1983 (5)

Jacques Demarcq Derniers sonnets

Celle même, miss, taire
(ter)

Paf ! d’un bond rivière !
taille-doigt, d’ôte queuté
sur l’abrège : pater
d’un gué) dans les pognes

Aléa, Jacques t’es
tu parles ! d’un cutter
papa-rasoir ? gnon
castrat, d’compendium

Ca laisse des légions
en gaule) t’es fort guère
gars ! depuis que Rogne

Est-ce ? la pine de niée
sort d’cité : un gnome
Compiègne
où t’es né

Complet’ment … Sonnets !

1983 (3-5) : une séquence de 3 sonnets. Rimes orales, on lit la formule suivante , valable pour les trois:  abac  badc  dac  bcb b . Reprises de sonnets à sonnet (à vous de voir comment)
Les vers sont de 5 positions (comptées oralement). Un quinzième vers, de longueur variable, rime avec le quatorzième
Les strophes sont signalées par la majuscule de leur premier vers.
Homophonies à débusquer

L’oiseau, qui est site — 1983 (4)

Jacques Demarcq Derniers sonnets

Celle même, miss, taire
(bis)

L’oiseau, qui est site
lieu ! de m’écouter
l’âme d’ici : t’invite
pourquoi forêt ? stère

Sans phallé : d’où t’es
coup ça biche, touriste
chair urge ) oui dare-dare
spasme ! le guérit ver

Avec un d’César
au rut) bite qu’on risque
gare ! à ton guerrière

Tant saigne, qu’impregne
dans l’ouate, on trop perd
con
piège où t’es né

Mentionné …

Spèce ! de palmipède — 1983 (3)

Jacques Demarcq Derniers sonnets


Celle même, miss, taire
(semel)

Spèce ! de palmipède
le coup d’main, raté
appelle plus : à l’oued
sec ça sexe plie (d’suite)

Manche en 2 : d’Oise t’es
à cours tôt, ton bled
te marque (m’es témoin)
eh ! type mol au gîte

Descente des Romains
nos pères, p’tit qu’un raid
et tes barbares ! pfuit

Une peignée, soignée
dégats : comprennent vite
qu’honte
baigne où – t’es – né

Et ? …

O vous qui écoutez à mes rimes éparses — 1983 (2)

André Ughetto et Christine Grill Pétrarque: 42 sonnets…

1

O vous qui écoutez à mes rimes éparses
Le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon coeur
En la jeune saison de mon erreur première
Quand en partie j’étais un autre que je suis,

Pour ce style où les pleurs se mêlent aux discours,
Vainement ballotté entre espoir et douleur,
Si l’un de vous conçoit quelle épreuve est l’amour
Puissè-je auprès de lui trouver miséricorde.

Mais maintenant je sais quelle risée je fus
Et pendant si longtemps et au regard de tous
(Le plus souvent même en moi-même je rougis)

Et de mon égarement la honte est le fruit,
Avec le repentir et le savoir certain
Que ce qui semble plaire ici-bas n’est que songe.

bl – tr

un corps à ce qui de lui dans le bruit et blanc — 1982 (2)

Henri Deluy –  in Action Poétique 87

Mots d’une seule syllabe

un corps à ce qui de lui dans le bruit et blanc
par le ou la les voit il dans le bruit si peu
très peu le bruit de la main et dans le bruit sur blanc
quand le jour plus loin de lui dans le buis est un

quand le bruit est un qui pend quand la voix le jour
point blanc qui le voit il voit quand la voix le froid
le froid si peu il en faut quand la voix du jour
il en faut si peu un corps dans la voix si peu

l’air de la peur rien dans le bruit un corps et blanc
qui pend il en faut le lieu la peur le dos rien
de main en main son dos un corps qui ne va pas loin

le lieu le point blanc et blanc l’air le froid son dos
quand le bruit est un qui pend qui ne voit pas loin
corps main loin voix la voix de main en main ne pas

r.exc.

Je crois être le seul – ne me détrompe pas! – — 1982 (1)

Luc EstangCorps à coeur

Blason, VIII

Je crois être le seul – ne me détrompe pas! –
à connaître de toi cette plage érogène
douce à l’égal du plus soyeux de tes appas
où l’enfance blottit sa tendresse et ses peines

où les amants fougueux suspendent leurs ébats:
sous ma lèvre au repos je sens battre ta veine
tiède et je m’alanguis comme un poisson béat
sur le sable à fleur d’eau, poche à laitance pleine.

Que je t’aime d’aimer les baisers dans le cou!
C’est là que j’ai, faux innocent, élu le goût
de femme dont ta chair m’offre la quintessence.

Sur le seuil du château dont me manquaient les clés
Je me suis découvert une étrange puissance
qui eût fait bander l’arc surhumain d’Héraclès.

Q8 – T14 –

Une erratique ruine aspire la semence — 1981 (2)

OulipoAtlas de Littérature potentielle

Claude Berge

14=15 – Sonnet loydien
à Raymond Queneau

Une erratique ruine aspire la semence
Lorsque pour nous distraire y plantions nos tréteaux;
La méduse gonflée s’épuise avec conscience
Dans le fond du bourbier où fermentent les mots …

Quand la vierge solaire au goût plein d’arrogance
Extrait le thalamus du vieux Jivaro beau,
L’Amérique du Sud sombre dans la licence
Alors que nous lions de piètres bigorneaux.

Que sa langue câline apporte ici l’émoi
Enfin papille tendre attise l’équivoque
Que mande l’envieux mâle et barbote le phoque!

Quand tu lis ce sonnet ne crois pas que c’est toi,
Bois et te baffre à Rio ploie ta taille élastique ….
Le nombre de ces vers devient problématique

Une papille tendre attise l’équivoque
Lorsque pour nous distraire y barbote le phoque!
La méduse gonflée s’épuise avec toi.

Dans le fond à Rio ploie ta taille élastique …
Quand la vierge solaire au goût problématique
Extrait le thalamus du vieux Jivaro beau

L’erratique ruine aspire la semence
Alors que nous lions plantions nos tréteaux;
Que sa langue câline apporte conscience

Enfin du bourbier où fermentent les mots …
Que mande l’envieux mâle et plein d’arrogance
Quand tu lis ce sonnet ne crois pas que c’est beau.

Amérique du Sud sombre dans la licence
Bois et te baffre de piètres bigorneaux.
Le nombre de ces vers devient ici l’émoi.

Q8 – T30