Archives de catégorie : 15v

Au Waterloo Hotel, j’ai achevé mon tiffin, —1900 (6)

Henri Jean-Marie LevetSonnets torrides

Les Voyages, III Homewards
A M.P. Bons d’Anty.

Au Waterloo Hotel, j’ai achevé mon tiffin,
Et, mon bill payé, je me dirige vers le wharf.
Voici l’Indus ( des Messageries Maritimes)
Et la tristesse imbécile du « homewards’.

– Quelques officiers français qui reviennent d’Indo-Chine
Passer en Europe un congé de six mois,
Commentent l’embarquement de jeunes misses, divines,
Avec lesquelles je ne flirterai certes pas!

Sur le pont mes futurs compagnons de voyage
Me dévisagent …
Puis on passe une sommaire visite de santé –

(Cette année la peste a fait ici bien des ravages!)
– Enfin voici la cloche du départ, qui sonne
Que je ramène, pieusement ouatée,
La fleur de ma mélancolie anglo-saxonne.

Q32 – ccd ced e – m.irr – 15v

Gauvain cherchait Myrdhin et cornait dans la nuit. — 1899 (12)

Guillaume Apollinaire Triptyque de l’homme

La maison de cristal

Gauvain cherchait Myrdhin et cornait dans la nuit.
Des ombres vagues erraient dans Brocéliande.
Le preux s’apeurait: « Est-ce sabbat? Rien ne luit.
Myrhdin connaît ma voix, Dieu fasse qu’il l’entende. »

Le cor pleurait et l’écho répétait … Un bruit,
Un cri tout à coup; lors Gauvain songea:  » Minuit,
Est-ce Lilith qui clame? Faut-il que j’attende
Le jour pour chercher l’Enchanteur? Hélas, si grande

Est la forêt que la voix de mon corps s’y perd!
Cornons plus fort. Peut-être pourra-t-il  m’entendre
… La nuit, les bois sont noirs et se meurt l’espoir vert

Avec le jour…  » – Un cri:  » J’aime ta tristor tendre,
Vivian!  » –  » C’est lui! « , dit Gauvain qui vit
Sous cloche de cristal par la Fée asservi

Myrhdin qui souriait irréel et ravi.

Q7 – T23 + e – 15v

A pas lents, et suivis du chien de la maison, — 1893 (4)

Albert Samain Au jardin de l’infante

Automne

A pas lents, et suivis du chien de la maison,
Nous refaisons la route à présent trop connue.
Un pâle automne signe au fond de l’avenue,
Et des femmes en deuil passent à l’horizon.

Comme dans un préau d’hospice ou de prison,
L’air est calme et d’une tristesse contenue;
Et chaque feuille d’or tombe, l’heure venue,
Ainsi qu’un souvenir, lente, sur le gazon.

Le Silence entre nous marche – coeurs de mensonges,
Chacun, las du voyage, et mûr pour d’autres songes,
Rêve égoïstement de retourner au port.

Mais les bois ont, ce soir, tant de mélancolie
Que notre coeur s’émeut à son tour et s’oublie
A parler du passé, sous le ciel qui s’endort,

Doucement, à mi-voix, comme d’un enfant mort …

Q15 – T15 +  d – 15v – 15 vers, comme souvent chez Samain.

Mes songes au printemps, vont, là-bas, habiter. — 1991 (35)

La France moderne

Le harem

Mes songes au printemps, vont, là-bas, habiter.
Oui, là-bas, un harem où les belles du monde,
Fronts blancs, fronts jaunes, fronts rouges et tatoués,
Ont fait de mon désir l’agrafe de leurs voiles.

Leurs douces mains, leurs mains promptes à me flatter,
Sentent bon l’oliban et la banane blonde
Et leurs yeux d’animaux aux voluptés voués
Brûlent, sous mon regard, ainsi que des étoiles.

Mais je n’en aime aucune et suis épouvanté.
Lorsque de mon espit ces chairs s’épanouirent,
Comment dans leur parfum n’ai-je pas palpité ?

Oh ! les rêves qui si longtemps me réjouirent,
Montreurs de ciels d’orgueil, diseurs de rythmes bleus,
Mes rêves triomphaux, est-ce qu’ils me trahirent
Et que mon vrai cœur seul serait miraculeux ?

(Fernand Mazade)

abab’  abab’ 15v

Du haut des cieux, un soir, je vis descendre — 1827 (3)

M.J. in L’hommage aux demoiselles

Imitation de l’italien de Pétrarque
Du haut des cieux, un soir, je vis descendre
Un ange ailé d’un aspect féminin,
Aux blonds cheveux, au regard doux et tendre,
Aux pieds légers, au sourire divin !
Seul, étonné, craignant de me méprendre,
A pas pressés je suivois mon chemin,
Lorsqu’il m’appelle, en me tendant la main.
J’approche … un lacs d’une invisible soie
Fixe mes pieds … et je deviens sa proie.
Depuis ce jour ….combien de maux soufferts !
Mon œil troublé voit partout son image,
J’aime, …. je crains, …. j’espère, …. et perds courage ;
Impatient, fatigué de mes fers,
Je veux quitter la beauté que je sers,
Et ne peux fuir un aussi doux servage.

15 v .-déca   sns  rvf

Siddons! dont la magie et m’éclaire et m’étonne — 1808 (3)

Stanislas de Boufflers Recueil de Poésies, extraits des ouvrages d’Hélène-Maria Williams, ….

Sonnet à Madame Siddons

Siddons! dont la magie et m’éclaire et m’étonne
Par des plaisirs si purs et si délicieux,
En ouvrant à ton gré les enfers ou les cieux,
Souffre que sur ton front je pose une couronne,
Pour prix de tant de pleurs que te doivent mes yeux.

Mais c’est trop entreprendre, et ma Muse balance;
Elle voudrait te peindre en ta vive action,
Et répéter l’accent de chaque passion,
Et dire ce que dit ton éloquent silence,

Soit que l’ambition change en acier ton coeur,
Soit qu’à ton aspect sombre on frémisse, et qu’on n’ose
De tes yeux égarés soutenir la fureur;

D’un amour inquiet soit que plaidant la cause,
Ta voix de l’ame même emprunte la douceur ….
Oh non! pour peindre un astre il n’est point de couleur.

abbab a’b’b’a’ – T19 – disp: 5+4+3+3 – 15v