– Jean Richepin – La chanson des gueux –
Sonnet bigorne – Argot classique
Luysard estampillait six plombes.
Mezigo roulait le trimard,
Et jusqu’au fond du coquemart
Le dardant riffaudait ses plombes.
Lubre, il bonissait aux palombes:
« Vous grubiez comme un guichemard, »
Puis au sabri: « Birbe camard,
Comme un ord champignon tu plombes ».
Alors aboula du sabri,
Moure au brisant comme un cabri,
Une fignole gosseline,
Et mezig parmi le grenu
Ayant rivanché la frâline,
Dit « Volants, vous goualez chenu ».
Q15 – T14 – banv – octo
trad (par l’auteur)
Le soleil marquait six heures,
Je marchais sur la grand’route,
Et jusqu’au fond de la marmite
L’amour brûlait mes reins.
Triste, je disais aux pigeons:
» Vous grognez comme un guichetier »
Puis aux bois: « vieux sans nez,
Comme un sale champignon tu pues »
Alors arriva dans le bois
Une gentille fillette.
Je couchai avec la compagnonne,
Et dis: « foin, dans mon lit
Tu parfumes ma chevelure de hère;
O pigeons, vous chantez très bien. »
trad. Alain Chevrier)
SONNET ARGOTIQUE – Argot classique
Le soleil marquait six heures,
Je marchais sur la grand’route,
Et jusqu’au fond du chaudron
L’amour me brûlait les reins.
Triste, je disais aux palombes,
« Vous grognez comme un guichetier »
Puis au bois : « Vieux camard,
Tu pues comme un champignon pourri. »
Alors s’en vint du bois
Minois au vent comme un cabri,
Une gentille gamine,
Et moi, parmi les blés,
Ayant couché avec la camarade,
Je dis : « Oiseaux, comme vous chantez bien ! »