Archives de catégorie : octo

octosyllabe

Le bruit du pas-de-bruit d’un pas — 1966 (2)

Olivier LarrondeL’arbre à lettres


Le pas – pas

Le bruit du pas-de-bruit d’un pas
Qu’a-t-il à ne nous dire pas
Qu’en toi le peu de bruit des pas
Fait la rigole d’un trépas

Réfléchissons là que poissons
Pas dans l’eau d’un bonheur sans rex
Quand le talon des ultrasons
Veut bien circonscrire un inflex

Le deux fois pas de bruit des pas
Met de trop ton chat qui pénètre
Par la fenêtre du non-être

Jusqu’à ne peut-être pas naître
Dans le pas-toi de mon patois
Où l’image n’a mis qu’un toit.

aaaa bcbc add dee – octo

Souvent me suis, comme un con, pris — 1965 (7)

Olivier Larronde L’ivraie en ordre (ed. 2002)

A sa queue

Souvent me suis, comme un con, pris
A rêver, un doigt sur ta nuque
De trancher le sphinx incompris
Qui, bien membré, me laisse eunuque.

Puisque tu n’appartiens qu’à toi.
Si je t’osais tailler en pipe
Gicler au visage des rois
Plutôt que visiter la tripe.

Exaspérant bête. Joie
Lors, à mâchonner impuissant
Ton pétale, qui le rougeoie.

Son menstruel frère de sang!
Va, d’autre tunique – mon chat, loir
Sans griffe et d’épine que toi -,
Cauchemarde le nonchaloir.

Q59 – cdc dec e – octo – 15v

Maint passé par tant de couloirs — 1959 (5)

Olivier LarrondeRien voilà l’ordre

Cheminée

Maint passé par tant de couloirs
Riches d’affres en lourds trophées
Part fumant à chaque bouffée
Dont s’allume un l’autre nos soirs.

Feu, des orgueils chambre! où surseoir
– Chambre un rien l’isole étouffée –
Aux serres jusqu’au bout chauffées
Du rien cher qui console un loir.

Torche ô fulgurant nécessaire…
Moi le tien en branle. Abandon:
Il a chu le sépulcre dort,
Nos nuits blanches nous agrippèrent.

Chambre où fumée en désaveu
De nos feux en immortel vœu.

Q15 – T30 – octo – disp: 4+4+4+2

Vos froideurs froissées, héritière — 1959 (1)

Olivier LarrondeRien voilà l’ordre

Rose & mon droit

Vos froideurs froissées, héritière
Des rosées, volent une et une.
Aussi le nid du noir sans lune:
Mes toutes puissantes paupières.

Horizon libéral assiège
Moi: ce trou noir debout, colonne
Où l’ombre pensive empoisonne
Un cœur sans mains, sans bras d’acier.

Archet-né sonnons plein silence!
Je crache au baiser d’air du temps
Il bruit – flèche-moi – sans parler.

Fais le jeu d’un biceps géant
Ma droiture! Pour Qui te lance
Sans yeux dehors Ni au dedans.

Q63 –cdx cdc – octo

Or dans quelle ombre, à peine ouverte, — 1951 (2)

Henri de Lescoët Dix sonnets occultes

Nuit du 2 août 1947

Or dans quelle ombre, à peine ouverte,
Pointe un oiseau, s’engage un vers?
Le ciel mélange un cri pervers
Aux fils défaits des mains inertes.

Une vague qui pousse, perd
Ici la raison d’être verte.
Plus bas du vent qui déconcerte,
Au bord de l’oeil, plus près des chairs,

Comme le sang pensé, le rêve
Le temps altère aux divers coeurs
Les gestes vrais, la seule ardeur.

Quel vieux soupçon cependant crève
A travers le mot nu de froid
D’un jour, cent fois maudit, pourquoi?

Q16 – T30 – octo

Dans une contrée étrangère — 1947 (7)

Pierre-Jean JouveDiadème


Mandala

Dans une contrée étrangère
Entretien sur ce qui n’est pas:
Recherche du Nom sans personne
Et de la personne sans nom

Recherche des routes sans pont
Et de lacs où nulle eau ne sonne
Des temples bâtis sans lumière
Nuit où le soleil ruissela

Désir du membre sans moteur
De l’action sans corps de bête
De l’éternité sans pâleur

Et par le silence des fêtes
Faim du Souverain qui là-bas
Se dérobe dedans l’état.

abcc bcab – T23 – octo

Folle douce, dans ses augures — 1949 (3)

Pierre-Jean JouveDiadème

Ophélie

Folle douce, dans ses augures
Celui qui t’adore n’a pas
Tant de mémoriales figures
Qu’il puisse pêcher vers le bas

Ta figure au fil des roseaux
Enfoncée dans le verdi charme
Des choses qui brouillent les eaux
Ont fait ta chute sans alarme;

Mais il gémit de ta nature
Sous les grands arbres du départ
Les vaches du palais où dure

La terreur profonde du dard
Amoureux, les remous d’oiseaux,
Et les bouches jusqu’aux tombeaux.

Q59 – T23 – octo

De l’autre côté de la rue — 1948 (1)

Roger VitracPoèmes délirants


Sonnet paresseux

De l’autre côté de la rue
Dans la fenêtre illuminée
L’ombre d’une femme accoudée
Projette une grande ombre nue,

Sur le trottoir où je t’ai vue
Et combien de fois désirée
Quand tu passais ensoleillée
Sous une ombrelle disparue

Dans l’arbre flambant dans le soir
Comme un lustre dans ton miroir
Penche sur ta tête attentive

Sous la lune en tes yeux doublée
Comment saurais-je Inconsolée
De quel désir tu es captive

Q15 – T15 -octo

Sur l’éparse viande des morts — 1947 (7)

Roger Gilbert-Lecomte in Jean Paulhan, Dominique Aury – Poètes d’aujourd’hui

Formule palingénésique

Sur l’éparse viande des morts
Jetez la poudre des griffons
Pour que d’un cadavre en haillons
Naisse un fantôme dont le corps

Veuf de sang orphelin d’eau-mère
Se sculpte au sel marin des pleurs
Dont le cristal d’essence amère
Mime le nombre de la fleur

De la fleur-serpent de l’abîme
Fleur du soleil noir qui fascine
Fleur-vertige des mondes creux

Cette fleur par son cœur de perle
Etant la fleur de ce nouvel
Intersigne et spectre-de-sel.

Q62 – ccx yee – octo