Eugène Vignon Le pays bleu
Clair de lune
Ombre,
Sombre
Croîs! …
Bois,
Mousse,
Douce,
L’eau
Chaste
Qu’au
Vaste
Soir
Noir
L’Heure
Pleure! …
s.rev. – eed dcc b’a’b’a’ bbaa – mono
Eugène Vignon Le pays bleu
Clair de lune
Ombre,
Sombre
Croîs! …
Bois,
Mousse,
Douce,
L’eau
Chaste
Qu’au
Vaste
Soir
Noir
L’Heure
Pleure! …
s.rev. – eed dcc b’a’b’a’ bbaa – mono
Eugène Vignon Le pays bleu
Liliputiennes
II
Oui, soeur
De fleur,
Tout aime
Quand même;
Et, coeur
Moqueur!
Ton thème
Blasphème …
Qu’un doux
Lien nous
Rassemble:
Aimons,
Rimons
Ensemble …
Q1 – T15 – 2s
– Eugene Vignon Le pays bleu
Lilliputiennes
I
Printemps
L’azur,
Plus pur,
Rayonne,
Foisonne
Et sur
Le mur
Fleur jaune
Bourgeonne …
Retour
Des sèves,
Des rêves …
L’amour
Enflamme
Toute âme.
Q1 – T30 – 2s
– Prosper Delamare Petites comédies par la poste
Paquet de sonnets, V
Oui, mon aimé cousin, oui, mon digne homonyme,
J’aime un cercle d’amis, où la gaîté s’anime,
Unanime.
C’est fort bien de gémir sur les divers fléaux ;
Mais le cœur brille aussi dans l’hilarité franche !
Nos yeux ne sont-ils donc qu’hydrauliques tuyaux ?
Voilons-nous vendredi ! mais rayonnons, dimanche !
A qui veut tout savoir je laisse le chaos ;
L’enfer au chant épique ; au grenier l’arme blanche ;
Que l’intrigant, front bas, chemine aux emplois hauts ;
Qui d’écus ou d’honneurs a soif vive, l’étanche !
Ma gloire à moi serait que mon verbe sans frein
Vous mît, chers compagnons, à mon joyeux lutrin,
Tous en train !
TQQT 2m : v3,14 :3s
– Baudelaire in Revue Européenne
L’avertisseur
Tout homme digne de ce nom
A dans le cœur un serpent jaune,
Installé comme sur un trône,
Qui, s’il dit « Je veux ! » répond « Non ! »
Plonge tes yeux dans les yeux fixes
Des Satyresses ou des Nixes,
La Dent dit : « Pense à ton devoir ! »
Fais des enfants, plante des arbres,
Polis des vers, sculpte des marbres,
La Dent dit « Vivras-tu ce soir ? »
Quoiqu’il ébauche ou qu’il espère,
L’homme ne vit pas un moment
Sans subir l’avertissement
De l’insupportable Vipère.
abba ccd eed a’b’b’a’= QTTQ (tercets enchassés dans les quatrains) – octo
– Victor Fleury Les échos
Soeur charité
Pour chanter la Gloire éternelle,
Prendre part aux divins concerts,
Votre soeur vous appelle-t-elle
Du parvis des cieux entr’ouverts?
Que pour rejoindre ma Fauvette,
Vous fuyez, méchants déserteurs,
Sans qu’aucun de vous ne regrette
Et prenne pitié de mes pleurs?
Partez donc, ingrats que vous êtes
Vous dont les chants m’étaient des fêtes
Qui vêcutes de mes amours:
Envolez-vous auprès de Anges,
Moi, je suis condamnée aux fanges
Qui souillent notre humain séjour!
Q32 – T15 octo
– Médéric Charot Ma première gerbe
Mon village
Autour d’une église aux voutes teintées,
Parmi les sillons verdoyants d’épis,
Cinquante maisons sans ordre jetées
Comme un tas de dés sur un vert tapis;
Deux routes de jour assez fréquentées,
Des arbres nombreux, un ciel de lapis,
Un ruisseau bordé de fleurs enchantées,
Trois ou quatre ponts sur l’onde accroupis;
Un petit bassin pour la lavandière,
Un grand abreuvoir couvert de roseaux,
Derrière un long mur un vert cimetière:
– Voilà mon village et mon âme entière.
Tant que tourneront pour moi les fuseaux
Qu’Atropos arrête avec ses ciseaux!
Q8 – T18 – tara
Edmond Arnould Sonnets et poèmes
Le lac dort sous le ciel en fête:
Ni brise, ni flôt murmurant;
Pas même le nuage errant
Qui fait songer à la tempête.
D’où vient qu’une ombre se reflète,
Noire, dans l’azur transparent?
Chasseur rapace et dévorant,
Un oiseau vole sur ma tête.
Ainsi le malheur, fin vautour,
Sans qu’aucun bruit nous le révèle,
Sur nous plane, aux feux d’un beau jour:
Mais longtemps avant de le voir,
Dans nos coeurs, tranquille miroir,
Nous voyons l’ombre de son aile.
Q15 – T25 – octo Les tercets, cdc eed, violent la règle d’alternance
– Edmond Arnould – Sonnets et poèmes
Grondez sur ma tête, orchestres des airs;
Faites frissonner rameaux et feuillages;
Tirez des accords profonds et sauvages
Des sombres sapins et des chênes verts;
Répétez pour moi, dans les bois déserts,
Ces rumeurs, ces cris, ces chants, ces langages,
Que vous murmuriez en ces premiers âges
Où vous parliez seuls au vieil univers;
Où l’on n’entendait passer dans les plaines
Ni l’accent plaintif des douleurs humaines,
Ni le cri joyeux des jeunes amours;
Où nul n’écoutait votre voix puissante,
Excepté celui dont la main savante
Travaillait dans l’ombre à l’oeuvre des jours!
Q15 – T15 – tara
M. Schuré – Etude sur les sonnets d’Edmond Arnould – Le sonnet a été de tout temps le péché poétique des savants et des philosophes. Le vrai poète choisit d’instinct la forme qui répond le mieux à son sentiment et en marque pour ainsi dire la cadence. L’érudit, s’il essaie d’être poète, se plait à mouler sa pensée dans une forme arrêtée, à en ciseler les contours avec un soin jaloux. Le sonnet se prète merveilleusement à l’archaïsme, au trait d’esprit, à l’aphorisme philosophique. Peut-être faut-il regretter qu’Edmond Arnould ait confié ses sentiments les plus forts, ses pensées les plus riches à cette forme d’une élégance recherchée. Il eût été plus libre, plus naturel, plus inspiré, en un mot, en n’adoptant aucun cadre. Nous aurions, des luttes de sa vie intime, une plus frappante image, s’il avait rendu, par la variété des rythmes et des combinaisons prosodiques, le ton primitif de chacune de ses émotions. Mais si je ne me trompe, la forme du sonnet, qu’il semble avoir adoptée une fois pour toutes, tient à la nature particulière de sa pensée et de son activité poétique …. pour un tel poète, le sonnet était un cadre heureux. Car, dans sa forme étroite, dans son rythme contenu, dans son harmonie pleine, il sait exprimer énergiquement une pensée simple et forte. La lutte que dans ce travail le poète soutenait contre la forme, n’était au fond que la lutte de sa pensée avec elle-même. En l’exprimant brièvement et fortement, il en devenait maître et prenait acte de conviction.
– Auguste Lestourgie Près du clocher
A Chéri Vergne
Il est des jours où la muse rebelle,
Comme un oiseau las de fendre les airs,
N’a plus d’amour pour les tendres concerts,
Se tait, se pose, et n’ouvre plus son aile !
Il est des jours où la flamme immortelle
Paraît éteinte ; où, semblable aux déserts,
Le cœur n’est plus qu’un stérile univers,
Sans fleur, sans vie, où nul feu n’étincelle !
Mais quand on jette à ce cœur désolé
Un nom, un seul – soudain s’est envolé
L’oiseau chanteur qui sommeillait dans l’âme !
La flamme vive a paru – tout fleuri,
Vivant, peuplé, le désert a souri! –
Ce nom puissant c’est un doux nom de femme !
Q15 T15 déca