Archives de catégorie : tr

Quand Jésus expiroit, à ses plaintes funèbres, — 1821 (3)

Madame de Staël Oeuvres (tome XVII)

Traduction du sonnet de Minzoni sur la mort de Jésus Christ

Quand Jésus expiroit, à ses plaintes funèbres,
Le tombeau s’entr’ouvrit, le mont fut ébranlé.
Un vieux mort l’entendit dans le sein des ténèbres;
Son antique repos tout à coup fut troublé.
C’était Adam. Alors, soulevant sa paupière,
Il tourne lentement son oeil plein de terreur,
Et demande quel est, sur la croix meurtrière,
Cet objet tout sanglant, vaincu par la douleur.
L’infortuné le sut, et son pâle visage,
Ses longs cheveux blanchis et son front sillonné
De sa main repentante éprouvèrent l’outrage.
En pleurant il reporte un regard consterné
Vers sa triste compagne, et sa voix lamentable
Que l’abîme, en grondant, répète au loin encor,
Fit entendre ces mots: Malheureuse coupable,
Ah! pour toi j’ai livré mon Seigneur à la mort.

ababcdcdefefghgh – sns – 16v – tr

Vaucluse, cet air pur qui du sein de tes ondes — 1816 (2)

Léonce de Saint-Geniès Poésies de Pétrarque traduites en vers français

CXCVI

Vaucluse, cet air pur qui du sein de tes ondes
S’élève en murmurant à travers les rameaux,
Me rappelle le jour qui vit naître mes maux,
Et ravive en mon cœur ses blessures profondes.
Avec l’haleine du zéphir
Je respire le souvenir
Des plus doux momens de ma vie.
Là, j’ai vu sans obstacle éclater tant d’appas
Et l’ombrageuse jalousie
Alors ne m’en séparait pas.
Au souffle heureux des vents livrant sa chevelure,
Contente de ses seuls trésors,
Elle n’y mêlait point alors
De l’or, des diamants l’inutile parure.
Mais hélas ! condamnée à de brillans atours
Elle reçoit au sein des cours
Des mains de la fortune un pompeux esclavage ;
Et moi, solitaire et sauvage,
Je viens revoir ce beau rivage
Où j’ai reçu des fers par la main des Amours.

Tr

Mr de Saint-Geniès a besoin de 20 vers, mêlant alexandrins et octosyllabes, pour traduire, de fort loin, le sonnet cxcvi du Rerum Vulgarum Fragmenta (L’aura serena che fra verdi fronde)

———————————————————————————————————————

Introuvable, de Jean Mannoury-Dectot l’Ode en deux sonnets placée sur le catafalque de Louis Xvi le 21 janvier 1816 (Alençon), réimprimée la même année à Paris comme ‘sonnets …’

———————————————————————————————————————————————————

Ainsi donc ta valeur te fait monter au trône! — 1805 (1)

Michel de Cubières (jeune) Traduction d’un sonnet de Luigi Tardi

Imitation

Ainsi donc tavaleur te fait monter au trône!
Ainsi NAPOLEON que le peuple couronne,
Ne doit qu’à ses talens son Empire nouveau:
Il est de son pays le guide et le flambeau,
Il s’est créé lui-même: ô prodige héroïque!
L’histoire, dont la tâche est d’être véridique,
Aux travaux de César préfère ses travaux;
Pour lui la poésie apprête ses pinceaux;
Et déjà l’Italie, en grands hommes féconde,
Aime à le regarder comme un maître du monde.

Reçois le diadême, et que l’esprit divin
T’inspire ô mon héros! L’amour du genre-humain.
De ton couronnement les pompes magnifiques
Te mettent sur la terre au-dessus d’un mortel;
Mais souviens-toi toujours, du haut de ton autel,
Que les Rois les plus grands sont les Rois pacifiques.

aabbccddee – T15 – disp: 10+6 – 16v – tr

Michel de Cubières récidive (cf 1801.1), avec cette Traduction d’un sonnet de Luigi Tardi – Alla sacra Maestà di Napoleone – « Figlio di tuo sapere, della Vittoria / diletto …. » . Il ne respecte toujours pas la forme de son modèle, mais fait un effort pour échapper à la platitude (dans la disposition des rimes, uniquement) avec un dernier quatrain à rimes embrassées (deed). Le placement des vers dans la page (dizain plus sixain, tous deux alignés) est anomal.

Une épigramme-charade  de Rivarol « Avant qu’à mon dernier mon tout se laisse choir / Ses vers à mon premier serviront de mouchoir »
Oeuvre poétique: Les hochets de ma jeunesse
Pendant la Révolution, il composa 36 hymnes civiques sur les 36 décadis de l’année, et un poème sur le calendrier républicain
Son frère aîné, le marquis de Cubières a écrit L’Histoire des coquillages de mer et de leur amours

Suspends, héros illustre, au temple de la gloire, — 1801 (1)

(Michel de) Cubières, jeune

Imitation du sonnet italien

Suspends, héros illustre, au temple de la gloire,
L’acier étincelant qui fonda ta victoire,
Et que ton jeune front, qu’ombragent les lauriers,
Serve éternellement de phare à nos guerriers.

Il est temps que le monstre échappé du Tartare,
Qui forgea contre toi plus d’un projet barbare,
Sur les rives du Stix, enchaîné désormais,
Te laisse ouvrir enfin le Temple de la Paix.

Elle attend le repos, notre chère Patrie,
Elle veut le devoir à ta main aguerrie,
Hélas! qui ne l’entend soupirer après lui?

Mars n’a que trop régné, c’est Astrée aujourd’hui
Qui, par toi de Thémis reprenant la balance,
Aux peuples opprimés rendra l’indépendance.

Q27 – T13

Ce sonnet est la traduction (désignée comme ‘imitation’) d’un sonnet d’un certain Povoleri, intitulé La Pace . Al cittadino Bonaparte. Cubières n’a pas respecté la disposition de rimes de l’original (abab abab cde cde). La mise en page est celle, habituelle depuis le milieu du 17ème siècle: quatre strophes de 4, 4, 3 et 3 vers respectivement, séparées par des lignes de blanc. Les premiers vers des deux quatrains, et le premier vers du sixain (deux tercets) sont marqués par un léger décrochement vers la droite dans la ligne. Cette marque de début d’unité strophique (qui était la règle au 16ème siècle) disparaîtra très vite, au profit d’un alignement strict des quatorze vers (quand il y en a quatorze). Le poème de Cubières est entièrement en rimes plates (aabb a’a’b’b’ ccd dee).