Archives de catégorie : forme-lorrain

La lune à travers les quinconces — 1887 (1)

Jean LorrainLes griseries


Rocailles
pour M. Edmond de Goncourt

La lune à travers les quinconces
Erre, illuminant les ronces,
Du parc, illustre endormi;

Et le bassin des Rocailles,
Où rôde un reflet ami,
Songe, dans l’ombre à demi
Plongé, de l’ancien Versailles.

Fille et sœur des dieux augustes,
La lune en domino blanc
Glose et d’un baiser tremblant
Effleure en passant les bustes,

Et sur un rythme très lent,
Au loin sur les gazons jaunes,
Tourne une ronde de faunes.

aab cbbc deed eff – 7s (vers1 :8 ) – Autre ‘sonnet à la Lorrain’.

Misa, Myrto, Lydé, Philedocé, Néere… — 1883 (1)

Jean LorrainLa forêt bleue

Le pays de fées, I

Misa, Myrto, Lydé, Philedocé, Néere…
De cépée en cépée un appel de voix claire
Sonne, et de combe en combe un bruit de pas divins

S’éloigne, un rai d’étoile argente la broussaille,
Des blancheurs d’aubépine enneigent les ravins
Et l’air ricane, empli des cris vagues et vains
Des fleurs, qu’un vent rôdeur et fou baise et chamaille.

Reines du temps d’Arthus et dryades, jadis,
Oriane, Ulada, des noms charmants de fées,
Triomphants comme un bruit de robes étoffées

Qu’on froisse, ont lui dans l’ombre, et les tertres verdis
Sont encore effleurés, comme au temps d’Amadis,
Par le groupe adoré des princesses tragiques
Et la lune à leurs pieds trace des ronds magiques.

aab cbbc deed dff  – Jean Lorrain semble bien l’inventeur de cette forme cousine du sonnet. (Je ne lui ai pas trouvé non plus d’imitateurs). Elle ressemble à cette famille de sonnets où les quatrains sont enchâssés dans les tercets, mais n’appatient pas à cette variété. L’annexer à la forme-sonnet est sans doute un coup de force abusif; tant pis!