L’oiseau, qui est site — 1983 (4)

Jacques Demarcq Derniers sonnets

Celle même, miss, taire
(bis)

L’oiseau, qui est site
lieu ! de m’écouter
l’âme d’ici : t’invite
pourquoi forêt ? stère

Sans phallé : d’où t’es
coup ça biche, touriste
chair urge ) oui dare-dare
spasme ! le guérit ver

Avec un d’César
au rut) bite qu’on risque
gare ! à ton guerrière

Tant saigne, qu’impregne
dans l’ouate, on trop perd
con
piège où t’es né

Mentionné …

Spèce ! de palmipède — 1983 (3)

Jacques Demarcq Derniers sonnets


Celle même, miss, taire
(semel)

Spèce ! de palmipède
le coup d’main, raté
appelle plus : à l’oued
sec ça sexe plie (d’suite)

Manche en 2 : d’Oise t’es
à cours tôt, ton bled
te marque (m’es témoin)
eh ! type mol au gîte

Descente des Romains
nos pères, p’tit qu’un raid
et tes barbares ! pfuit

Une peignée, soignée
dégats : comprennent vite
qu’honte
baigne où – t’es – né

Et ? …

O vous qui écoutez à mes rimes éparses — 1983 (2)

André Ughetto et Christine Grill Pétrarque: 42 sonnets…

1

O vous qui écoutez à mes rimes éparses
Le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon coeur
En la jeune saison de mon erreur première
Quand en partie j’étais un autre que je suis,

Pour ce style où les pleurs se mêlent aux discours,
Vainement ballotté entre espoir et douleur,
Si l’un de vous conçoit quelle épreuve est l’amour
Puissè-je auprès de lui trouver miséricorde.

Mais maintenant je sais quelle risée je fus
Et pendant si longtemps et au regard de tous
(Le plus souvent même en moi-même je rougis)

Et de mon égarement la honte est le fruit,
Avec le repentir et le savoir certain
Que ce qui semble plaire ici-bas n’est que songe.

bl – tr

Nous somme arrivés sur le treizième parallèle. — 1983 (1)

William Cliff America


Talavera. 7.

Nous somme arrivés sur le treizième parallèle.
J’ai déja vu sur l’eau deux ou trois poissons volants
L’Anglais chargé des chambres froides est venu tout courant
Dans le château pour qu’on lui prête un moment les jumelles

Il prétend avoir vu bouger au loin une baleine
On se met à scruter tous les cantons de l’océan
Mais on ne voit bouger au loin que des clapotements
Le cétacé n’a visité l’Anglais que dans son rêve

Ainsi à force de ne voir à longueur de semaines
Que rien et toujours rien faire le vide autour de nous
On se met à jeter sur le désert des rêves fous

Pour tenter d’alléger le poids de n’être que notre être
L’Anglais est retourné s’occuper de ses chambre froides
Et l’officier a recouché la tête sur ses cartes

Q15 – T exc – 14s  Les rimes sont très lâches

un corps à ce qui de lui dans le bruit et blanc — 1982 (2)

Henri Deluy –  in Action Poétique 87

Mots d’une seule syllabe

un corps à ce qui de lui dans le bruit et blanc
par le ou la les voit il dans le bruit si peu
très peu le bruit de la main et dans le bruit sur blanc
quand le jour plus loin de lui dans le buis est un

quand le bruit est un qui pend quand la voix le jour
point blanc qui le voit il voit quand la voix le froid
le froid si peu il en faut quand la voix du jour
il en faut si peu un corps dans la voix si peu

l’air de la peur rien dans le bruit un corps et blanc
qui pend il en faut le lieu la peur le dos rien
de main en main son dos un corps qui ne va pas loin

le lieu le point blanc et blanc l’air le froid son dos
quand le bruit est un qui pend qui ne voit pas loin
corps main loin voix la voix de main en main ne pas

r.exc.

Je crois être le seul – ne me détrompe pas! – — 1982 (1)

Luc EstangCorps à coeur

Blason, VIII

Je crois être le seul – ne me détrompe pas! –
à connaître de toi cette plage érogène
douce à l’égal du plus soyeux de tes appas
où l’enfance blottit sa tendresse et ses peines

où les amants fougueux suspendent leurs ébats:
sous ma lèvre au repos je sens battre ta veine
tiède et je m’alanguis comme un poisson béat
sur le sable à fleur d’eau, poche à laitance pleine.

Que je t’aime d’aimer les baisers dans le cou!
C’est là que j’ai, faux innocent, élu le goût
de femme dont ta chair m’offre la quintessence.

Sur le seuil du château dont me manquaient les clés
Je me suis découvert une étrange puissance
qui eût fait bander l’arc surhumain d’Héraclès.

Q8 – T14 –

Je connais bien le comte Dracula — 1981 (4)

Pierre Gripari L’Enfer de poche

Sexy Dracula

Je connais bien le comte Dracula
Et je souris, quand j’entends ceux qui disent
Que les fleurs d’ail, et tout le tralala,
Balles d’argent, miroirs, latin d’église,

Epieux pointus, conjurations apprises,
Ou crucifix peuvent le réduire à
Ce petit tas d’os et de cendres grises
Qu’un courant d’air emporte … au cinéma !

C’est mon ami, je l’avoue, je m’en vante
Je suis de ceux qui volontiers le hantent,
Il me reçoit le soir, en son hôtel ;

Ses dents sont bien rangées, blanches, petites,
Mais ce qu’il a, c’est une belle bite,
Et ceux qu’il baise, il les rend immortels !

Q11  T15  déca

L’arbre nous couvrira d’or et d’un nuage noir — 1981 (3)

OulipoAtlas de Littérature potentielle

Un membre de l’oulipo.

3
Tombeau de Graziella

L’arbre muet viendra vers l’angle de la pierre
Nous nous endormirons déliés du printemps
Agités par le bruit de la forêt humide
La lumière les yeux de l’eau paraîtront vides
Malgré ses vêtements d’aube le seul instant
Par disparition nus de la nuit longtemps
L’air nous couvrira d’or et d’un nuage noir
Nous boirons l’herbe sourde aux feuilles précieuses
Derrière son écran de cendre soucieuse
Le soleil entrera dans l’ombre sans nous voir
Où nous coucherons seuls coeurs arrachés d’espoir
Et le jour qui brillait de sa voyelle creuse
Sans lueurs oppressé là-haut de pluie furieuse
Disparaissant épaisse et sombre dans le soir
Rien n’aura plus de sens que mort élémentaire

L’arbre nous couvrira d’or et d’un nuage noir
Nous nous endormirons sourds aux feuilles précieuses
Agits par le bruit de la forêt soucieuse
La lumière entrera dans l’ombre sans nous voir

Malgré ses vêtements d’aube arrachés d’espoir
Par disparition nus de la nuit longtemps creuse
L’air sans lueurs oppressé là-haut de pluie furieuse
Nous boirons l’herbe épaisse et sombre dans le soir

Derrière son écran de centre élémentaire
Le soleil muet viendra vers l’angle de la pierre
Où nous coucherons seuls coeurs déliés du printemps

Et le jour qui brillait de sa voyelle humide
Disparaissant les yeux de l’eau paraîtront vides
Rien n’aura plus de sens que mort le seul instant.

Q15 – T15

L’unique sonnet composé par Lamarine, l’a été pour le tombeau de Graziella. Il décrivait leur tombe commune, face aux flots bleus, dans ‘l’île de Procide où la mer de Sorrente / Scande un flot hexamètre à la fleur d’oranger’. Or, il arriva que les plaques de marbre, où l’on grave le poème, furent par inadvertance interverties, si bien que le poème écrit par le poète, se trouva compter quinze vers, et ne plus ressembler à un sonnet.
On a reconstitué à la suite la version primitive.

Le même principe de composition est employé en 1981-2, à base d’hémistiches pris dans les ‘Cent mille milliards de poèmes’ de Queneau.

Une erratique ruine aspire la semence — 1981 (2)

OulipoAtlas de Littérature potentielle

Claude Berge

14=15 – Sonnet loydien
à Raymond Queneau

Une erratique ruine aspire la semence
Lorsque pour nous distraire y plantions nos tréteaux;
La méduse gonflée s’épuise avec conscience
Dans le fond du bourbier où fermentent les mots …

Quand la vierge solaire au goût plein d’arrogance
Extrait le thalamus du vieux Jivaro beau,
L’Amérique du Sud sombre dans la licence
Alors que nous lions de piètres bigorneaux.

Que sa langue câline apporte ici l’émoi
Enfin papille tendre attise l’équivoque
Que mande l’envieux mâle et barbote le phoque!

Quand tu lis ce sonnet ne crois pas que c’est toi,
Bois et te baffre à Rio ploie ta taille élastique ….
Le nombre de ces vers devient problématique

Une papille tendre attise l’équivoque
Lorsque pour nous distraire y barbote le phoque!
La méduse gonflée s’épuise avec toi.

Dans le fond à Rio ploie ta taille élastique …
Quand la vierge solaire au goût problématique
Extrait le thalamus du vieux Jivaro beau

L’erratique ruine aspire la semence
Alors que nous lions plantions nos tréteaux;
Que sa langue câline apporte conscience

Enfin du bourbier où fermentent les mots …
Que mande l’envieux mâle et plein d’arrogance
Quand tu lis ce sonnet ne crois pas que c’est beau.

Amérique du Sud sombre dans la licence
Bois et te baffre de piètres bigorneaux.
Le nombre de ces vers devient ici l’émoi.

Q8 – T30

par Jacques Roubaud